Y aura-t-il justice pour Guy Blouin?

Publié le 19 septembre 2015
Benoit Villeneuve au piano du parvis, le 3 septembre dernier
Benoit Villeneuve au piano du parvis, le 3 septembre dernier

Par Lynda Forgues

Un an après le décès de Guy Blouin, le Comité du 3 septembre a réuni les citoyens sur le parvis de l’église Saint-Roch. Le comité du 3 septembre a été formé en novembre 2014 autour de trois objectifs principaux : nous rappeler d’honorer la mémoire de Guy Blouin, demander une enquête indépendante et tendre à établir un dialogue entre les policiers du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) et les citoyens du centre-ville. Le 3 septembre dernier, sur le parvis de l’église Saint-Roch, un rassemblement a eu lieu pour le premier anniversaire du tragique événement. Le comité avait monté des tableaux d’éducation populaire pour transcrire la narration des faits de la dernière année sur une ligne du temps. Les gens présents ont pu exprimer leur peine, leur colère, leur désarroi. Plusieurs ont aussi dit qu’ils étaient satisfaits et surpris des poursuites, tout en ne croyant pas vraiment que le policier sera finalement condamné.

Retour sur les faits

Depuis le tout début, le journal Droit de parole a dénoncé les faits entourant la mort de Guy Blouin à l’automne 2014, et a souligné aussi à de multiples reprises le travail inlassable du Comité du 3 septembre. Finalement, un an plus tard, le nom de Simon Beaulieu, le policier qui a fauché Guy Blouin au volant de son autopatrouille, a été révélé et des poursuites au criminel sont déposées contre lui.

On se souvient de la terrible tournure des événements. Après la collision, le blessé a été brutalement soulevé par les deux policiers qui n’ont pas respecté les procédures habituelles de ne jamais déplacer un accidenté de la route, et d’attendre l’arrivée des ambulanciers. C’est un fait, deux policiers se trouvaient à bord de cette autopatrouille. Cependant, l’autre agent impliqué n’est pas du tout nommé dans cette histoire.

Françoise Laforce, de la Ligue des droits et libertés, groupe membre du Comité du 3 septembre, reste ferme en ce qui concerne la nécessité de modifier le processus d’enquête : « Ce qui nous préoccupe beaucoup, c’est l’enquête de la police sur la police. » En effet, même si le ministère de la Sécurité publique promet un Bureau des enquêtes indépendantes depuis quelques années, c’est toujours un corps de police qui enquête sur un autre dans des cas de ce genre. La plupart du temps, il n’y a pas d’accusations criminelles de déposées et donc le contenu et les conclusions des enquêtes ne sont pas dévoilés au public.

Négligence ou conduite dangereuse ?

Le policier Simon Beaulieu est accusé de négligence criminelle et de conduite dangereuse ayant causé la mort, et oui c’est possible d’être reconnu coupable des deux en même temps, contrairement à ce que l’avocat Julien Grégoire déclarait le mois dernier dans Le Soleil. Récemment, « l’automobiliste aux canards », la jeune femme qui avait arrêté sa voiture sur une autoroute causant ainsi la mort de deux personnes, a été reconnue coupable de ces deux chefs par un jury.

La conduite dangereuse ne s’appliquerait pas au comportement du policier après la collision, elle ne porterait que sur la conduite automobile, sur le fait que Simon Beaulieu a reculé très rapidement en sens contraire dans un sens unique, dans le but évident de se servir de sa voiture pour intercepter une personne.

En ce qui concerne la négligence criminelle, il faut juger si l’accusé s’est montré insouciant et téméraire dans ses gestes, et si sa conduite constitue un écart marqué par rapport à ce qu’aurait fait une « personne raisonnable » qui se serait trouvée dans les mêmes circonstances. Il est important de faire remarquer qu’aucune « personne raisonnable » n’est jamais au volant d’une auto-patrouille, seul un « flic raisonnable » peut l’être…

Simon Beaulieu est appelé à comparaître par voie de sommation au palais de justice de Québec, au 300, boulevard Jean-Lesage, le 16 octobre prochain. À suivre.

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