« Nous nous opposons à la privatisation du paysage »

Par Nathalie Côté
Publié le 5 février 2025
Alice Guéricolas-Gagné et Hélène Matte de la Coalition Dorchester. Photo: DDP

« Le panorama est un bien collectif. Nous nous opposons à la privatisation du paysage », a lancé Hélène Matte, porte-parole de la Coalition Dorchester lors de la conférence de presse du 3 février dernier dans Saint-Roch. « Faisons honneur à Marc Boutin en faisant un développement à échelle humaine », a précisé l’artiste multidisciplinaire en dénonçant le projet de 20 étages du promoteur à l’Îlot Dorchester. « Les percées visuelles ne sont pas un caprice, elles sont l’âme d’une ville », a-t-elle ajouté.

Le règlement de la Ville de Québec permet actuellement une hauteur maximale de construction à 10 étages dans cette partie du quartier, tel que le stipule le Plan particulier d’urbanisme (PPU) adopté en 2017. Le promoteur Trudel prétend qu’il a besoin de construire un immeuble de 20 étages pour « rentabiliser » son développement immobilier sur son terrain acquis en 2022. Le projet d’immeuble est un complexe de 400 logements, dont une tour de 20 étages où trône un hôtel de luxe.

« Un quartier, c’est un morceau de ville où la plupart des déplacements se font à pied, où on voit le ciel », a pour sa part affirmé Alice Guéricolas-Gagné, auteure et résidente de Saint-Roch. Elle a rappelé que le quartier Saint-Roch partage avec, celui de Saint-Jean-Baptiste, une culture des luttes populaires et citoyennes, rappelant les luttes citoyennes victorieuses contre la construction d’une autoroute dans Saint-Jean-Baptiste et son passage dans Saint-Roch dans les années 1970.

Non à un hôtel de luxe

La Coalition Dorchester est formée de plusieurs citoyens et citoyennes du centre-ville avec l’Engrenage Saint-Roch et le Collectif Saint-Roch–Saint-Jean-Baptiste qui ont uni leurs forces pour lutter contre le projet de 20 étages du promoteur. Elle est appuyée notamment par le député de Taschereau Étienne Grandmont et par l’historien Réjean Lemoine selon qui le projet de Trudel est « un projet qui ne s’intègre pas à la ville ». «C’est un recul », a-t-il affirmé. «C’est trop gros. »

La Coalition Dorchester dénonce aussi la construction d’un hôtel de luxe et de son stationnement souterrain de 550 places, qui ne réglera en rien la crise du logement et contribuera aux problèmes de circulation automobile et de pollution dans le quartier.

Le projet actuel ne compte qu’une vingtaine de logements subventionnés du programme de supplément au loyer (PSL) pour personnes à faible revenu. La plupart des 400 logements prévus sont des 3 pièces et demie au coût prévu de 1500 $ par mois comme l’a déjà annoncé le promoteur. À cet égard, la coalition demande que la Ville de Québec impose l’inclusion de 20 % de logement social dans toute nouvelle construction sur son territoire.

Le maire Bruno Marchand aura le dernier mot ?

Lors d’une conférence de presse à l’Hôtel de Ville le même jour, Bruno Marchand s’est montré ouvert à une modification du PPU concernant le projet à l’îlot Dorchester, disant du même souffle qu’on ne peut pas le faire « sans écouter les préoccupations des citoyens des quartiers Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste ». Au conseil municipal du 4 février, il a précisé sa pensée en répondant à la question d’une citoyenne: «Ça ne sera pas 10 étages, ça sera plus que ça, mais pas 20 étages.»

Bien que la demande de changement au zonage devra être d’abord analysée par la Ville de Québec et la commission d’urbanisme, c’est le maire qui aura le dernier mot, ainsi qu’il l’a lui-même affirmé.

Quant à l’opposition, sans surprise, le parti Québec d’abord (l’ancienne Équipe Labeaume) défend le projet du promoteur Trudel. « On est avec les citoyens », a assuré quant à elle, Jackie Smith de Transition Québec.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité