Le lock-out des débardeurs continue, la Société des Arrimeurs vise à détruire le syndicats

Par David Johnson
Publié le 18 avril 2024
Au port de Québec.
Au port de Québec. Archives DDP

Depuis maintenant plus de 18 mois, les débardeurs du port de Québec sont mis en lockout par leur employeur, la Société des Arrimeurs du Québec, qui semble être juste content de les ignorer sur la ligne de piquetage. Selon Stéphan Arsenault, président du syndicat des débardeurs, « l’esprit sur les lignes de piquetage est lourd. Les gens sont découragés de voir la position de l’employeur envers eux qui ont donné, pour plusieurs, de nombreuses années de leur vie et aussi leur santé afin que cette entreprise s’enrichisse et se serve de cette fortune construite pour nous frapper sans respect. »

Briseurs de grève

L’employeur empêche les débardeurs de faire leur travail durant le conflit, préférant le donner aux briseurs de grève : une tactique qui serait illégale si la loi sur le travail du Québec s’appliquait au Port. Mais étant un secteur sous juridiction fédérale, l’employeur peut se servir des briseurs de grève pour attaquer les employés et leur syndicat.

L’employeur « semble avoir changé son modèle d’affaire et ne plus nous compter dans l’équation », selon Stéphan Arsenault, président du syndicat des débardeurs, une situation qu’il dénonce comme « sans respect et inhumaine ».

Les demandes des débardeurs tournent autour d’une possibilité de concilier leurs vies professionnelles et familiales. Actuellement, il est commun qu’un débardeur travaille une cinquantaine de jours de suite. Ils sont tenus à appeler l’employeur à chaque fin de journée pour savoir s’ils travaillent le lendemain. Peu d’entre eux ont le droit de réserver une simple fin de semaine durant l’été pour s’assurer d’avoir du temps pour des vacances en famille.

L’employeur vise à détruire le syndicat

Selon M. Arsenault, les négociations ne bougent plus. Il constate que les débardeurs sont prêts à trouver une entente avec l’employeur, mais son absence à la table de négociation témoigne du fait « qu’il ne veut tout simplement plus de syndicat ». Les débardeurs préparent un recours majeur afin de démontrer que les employés de remplacement ne sont pas là juste pour le conflit mais pour une élimination du syndicat.

CDPQ achètera QSL ?

Le président du syndicat des débardeurs voit une lueur d’espoir dans le fait que QSL, la compagnie principale de la Société des arrimeurs, est à vendre. Un acheteur potentiel serait la Caisse de dépôt et de placement du Québec, qui administre les fonds des régimes de retraite des employés syndiqués.

La contradiction entre les actions anti-syndicales des entreprises comme QSL et le mandat de la Caisse de gérer les fonds de retraite n’est pas perdue pour Nina Laflamme, conseillère au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) qui représente les débardeurs : « Plusieurs dizaines de milliers de cotisants à ces régimes de retraite sont carrément des membres du SCFP », note Mme Laflamme.« QSL a beau se cacher derrière la Société des arrimeurs de Québec, elle est une compagnie qui joue un rôle très important dans le fait que les débardeurs de Québec seront en lockout depuis 19 mois dans quelques jours ».

Loi anti-briseur de grève fédérale

À l’occasion du premier anniversaire du lockout des débardeurs, le ministre fédéral du travail, Seamus O’Regan, avait pris l’engagement d’adopter une loi anti-briseur de grève fédérale. Selon Mme Laflamme, la loi est actuellement en lecture, discutée et commentée, par différents intervenants au Parlement canadien. « Dans un monde idéal, l’objectif poursuivi est de la faire adopter, selon notre compréhension, cette année et avant les vacances estivales », note Mme Laflamme. « À partir du moment où elle sera adoptée et ratifiée par le sénat, il y aura un temps avant qu’elle soit mise en œuvre. Ce temps est encore en discussion.

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