Northvolt: le plus gros assisté social dans l’histoire du Québec?

Par David Johnson
Publié le 13 décembre 2023

Pour devenir vraiment riche grâce à l’aide sociale, le truc est d’être capable de la percevoir auprès de plusieurs États en même temps. En tant qu’individu, cela peut être difficile, mais lorsque vous êtes une entreprise internationale occupant une position dominante dans l’économie mondiale, capable de traverser les frontières à volonté et d’opérer dans plusieurs pays à la fois, c’est plus que possible: vous pouvez simplement laisser les États se battre pour savoir qui vous fera le plus gros chèque.

Le plus gros chèque d’aide sociale jamais émis au Québec doit être celui de 7 milliards de dollars que Northvolt a reçu pour la construction de l’usine de batteries. Évidemment qu’ils n’ont pas besoin de cet argent comme un bénéficiaire moyen de l’aide sociale pourrait en avoir besoin : selon Reuters, Northvolt vaut environ 20 milliards de dollars. Ils ont également des contrats d’une valeur de 55 milliards de dollars pour fabriquer des batteries pour leurs clients, dont BMW, Volvo et Volkswagen.

Le Québec souhaite se lancer plus sérieusement dans l’électrification des transports. Nous ne voyons pas de façon de faire, sauf demander de l’aide des entreprises qui dominent l’industrie, comme Northvolt. Alors nous devons leur faire un gros chèque. Mais malheureusement cette approche enlève des opportunités de développement économique au Québec: au lieu d’encourager les entreprises québécoises et le développement technologique qui se fait ici, on donne un coup de pouce aux entrepreneurs et technologies scandinaves. Et bien sûr, notre aide à Northvolt va au-delà du simple argent : nous leur offrons la possibilité de bafouer les règles, notamment celles mises en place pour offrir une protection minimale de l’environnement. L’usine nécessitera le remplissage de 130 000 m2 de zones humides ; le processus d’approbation environnementale est accéléré par le gouvernement ; les règles ont été modifiées pour que le BAPE ne soit pas nécessaire.

Mais l’argent est la chose la plus importante pour les investisseurs de Northvolt : leur principale responsabilité est de garantir leurs résultats financiers. Être compensé par la population québécoise est très utile à cet égard. Encore une fois, ils n’en ont pas besoin : en fait, l’un des principaux investisseurs de Northvolt est l’une des sociétés les plus riches au monde : BlackRock.

BlackRock

BlackRock est la plus grande société d’investissement de Wall Street, gérant des actifs d’une valeur de 10 000 milliards de dollars. Cette société exerce un pouvoir économique vaste en tant qu’un des principaux investisseurs dans presque toutes les sociétés du S&P 500 aux États-Unis, ainsi que dans les grandes sociétés du monde entier. L’investissement de BlackRock dans Northvolt est subventionné par le contribuable québécois.

BlackRock est également l’un des principaux investisseurs dans l’industrie des combustibles fossiles, notamment dans les sables bitumineux de l’Alberta. L’exploitation des sables bitumineux est l’une des principales sources de gaz à effet de serre au Canada et dévaste l’environnement et les communautés autochtones du nord de l’Alberta. BlackRock a investi entre autres dans TC PipeLines, responsable de nombreux projets, dont l’oléoduc Énergie Est.

Après les énergies fossiles, le deuxième facteur du changement climatique est la déforestation. Et là encore, BlackRock est fortement impliquée : dans la forêt amazonienne, ils sont le bailleur de fonds majeur des entreprises impliquées dans l’industrie pétrolière et gazière et dans le secteur agricole industriel. Ces industries sont à l’origine de la majeure partie de la déforestation en Amazonie.

Pas le meilleur investissement des ressources publiques certes, pour l’économie ni l’environnement. Il va falloir s’assurer que les opportunités pour les entreprises locales sont assurées dans le développement de cette usine et, en termes d’extraction des ressources et le recyclage des batteries, que les normes environnementales strictes soient respectées.

Une pétition demande la tenue d’une enquête du BAPE avant l’implantation de l’usine de batteries Northvolt. À signer en ligne avant le 13 janvier 2024 sur le site internet de l’Assemblée nationale.

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