Québec désire… et défend… son tramway

Par W. Stuart Edwards
Publié le 15 novembre 2023
Les organisations à la défense du tramway, en conférence de presse le 10 novembre. Photo: W. Stuart Edwards

Les groupes : Québec désire son tramway, Accès transports viables, et Conseil régional de l’environnement, ont tenu une conférence de presse le 10 novembre afin de réagir publiquement à l’annonce que le projet du tramway sera confié à la Caisse de dépôt et placement.

Nora Loreto, co-fondatrice de Québec désire son tramway, est déçue de la décision de M. Legault, un premier ministre qui, selon elle, ignore les citoyens et les citoyennes qui veulent un tramway, et ignore les dix dernières années de travail sur le projet. Les élus « gouvernent par sondage » et la question est toujours trop simpliste : êtes-vous pour ou contre le tramway ? Résidente sur René-Lévesque, un « mur de béton », elle voit des milliers d’autos passant devant chez elle chaque matin et chaque après-midi. Quand ses enfants seront grands et prêts à aller au CÉGEP, y-aura-t-il un tramway ? «Changez votre idée, M. Legault, parce que ça presse.»

On jase, on ne fait rien

Angèle Pineau-Lemieux d’Accès transports viables déplore que le RTC est à sa pleine capacité depuis des années. Il n’y a pas de places assises, les Métrobus sont toujours paquetés, et cela, sur certains axes névralgiques déjà identifiés il y a vingt ans. Sur la décision de François Legault de retarder le tramway, «encore une fois, on n’apprend pas de nos erreurs. On a la mauvaise habitude de se remettre constamment en question sans jamais rien faire.» Elle appelle à la responsabilité du gouvernement. «On ne peut pas se permettre de repartir à zéro.»

Le gouvernement a prévu, mais pas réalisé, six projets structurants de transports collectifs et électriques pour le Québec : à Montréal, sur l’axe Taschereau à Longueuil, à Gatineauu, à Chambly / St-Jean-sur-Richelieu, à Laval et ici à Québec avec notre tramway. Combien de ces projets sont en réalisation ? Zéro. «Celui de Québec, c’est malheureusement le plus avancé». Le gouvernement freine les projets de transport collectif, tout en encourageant l’automobile.

Un gouvernement perdu

Alexandre Turgeon du Conseil régional de l’environnement déplore le manque de vision des gouvernements successifs, qui ont toujours considéré le transport en commun comme un service secondaire pour personnes à faible revenu. Ils investissent massivement dans les autoroutes, mais les autoroutes ne font que stimuler la demande induite, c’est-à-dire, une augmentation du parc automobile et plus de congestion. Tout le monde le sait, mais dans la plus récente mise à jour économique dévoilée par le gouvernement du Québec, il y a trois fois plus d’investissements prévus pour les infrastructures routières que pour le transport collectif. En Ontario, par exemple, c’est l’inverse.

Questionné si leurs groupes avaient un rôle à jouer pour faire progresser l’acceptabilité sociale du tramway, M. Turgeon réplique que les journalistes ont aussi un rôle à jouer. Il faut poser de bonnes questions : Existe-t-il un seul argument anti-tramway qui tient la route cinq secondes ? «J’ai beaucoup de difficulté à voir le sérieux du gouvernement. Moi j’ai l’impression qu’ils sont perdus. On a beau leur donner toute la science, toutes les études sur la table, ils sont perdus dans les considérations qui ne sont certainement pas les considérations de Québec. » Est-ce trop tard pour le tramway ? Nora Loreto ne lâche rien : «C’est jamais trop tard!»

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