La fin l’Innovitam et puis, après?

Par Andréann Poirier
Publié le 15 novembre 2023
La Table citoyenne Littoral Est veut convertir le garage municipal en centre social autogéré. Photo: DDP

Le 11 octobre dernier, un projet controversé pour le développement du fleuve Saint-Laurent, nommé Innovitam et parrainé par le gouvernement du Québec, a été abandonné. Cette décision a été confirmée par le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, après le départ de Valérie Gauthier, la directrice générale en charge du projet. Ainsi, l’idée de créer une zone d’innovation à Québec est morte dans l’œuf, laissant de nombreuses interrogations quant aux raisons de cette décision, qui n’ont pas été pleinement expliquées par les médias. Certaines personnes pointent du doigt la fermeture de Médicago et remettent en question le modèle économique sur lequel ces zones d’innovation se basent.

Innovitam visait à investir dans des start-ups, notamment par le biais de l’incubateur 2 degrés, dans le but de stimuler l’innovation et d’attirer d’autres entreprises de haute technologie. Le projet envisageait la mise en place d’usines de surveillance à grande échelle utilisant les données de santé des citoyens pour générer des profits pour des entreprises. Toutefois, ce plan soulevait des préoccupations quant à l’utilisation de fonds publics pour favoriser des intérêts étrangers au lieu de répondre aux besoins de la population.

Une victoire citoyenne?

Jackie Smith, cheffe de Transition Québec et conseillère municipale de Limoilou, a qualifié l’abandon d’Innovitam de « victoire » pour la communauté. Elle appelle à utiliser les terrains inoccupés pour développer un avenir plus en phase avec les besoins du 21e siècle, axé sur une économie « résiliente et locale » dans le quartier de Maizerets.

Cependant, Marie-Hélène Deshaies de la table citoyenne Littoral-Est, un collectif engagé qui avait déjà bloqué le projet Laurentia en 2 018-2 019, ne partage pas ce sentiment de triomphe. Elle estime qu’il reste encore beaucoup de travail à faire et que la pression sur le secteur demeure, car il représente un enjeu immobilier d’importance à Québec.

Elle remarque toutefois une certaine ouverture quant à la discussion concernant l’avenir des quinze terrains, notamment en termes de décontamination, qui était un point de discorde. Le maire de Québec a changé de discours. Auparavant, le débat sur l’usage des terrains était fermé sous prétexte qu’ils étaient trop contaminés, alors que récemment, Marchand a admis qu’il allait falloir s’en occuper, ce qui laisse un jeu aux comités d’actions citoyennes tels que la Table du Littoral-Est pour ramener de l’avant des projets phares tels qu’un centre social autogéré dans le bâtiment de l’ancien garage municipal, l’aménagement de forêts urbaines et de corridors de biodiversités ou encore de services de proximité. Reste à savoir si les militants sauront transformer l’échec d’Innovitam en une opportunité d’améliorer les conditions de vie des habitants du quartier.

Pour l’instant, rien n’est gagné. Certes, la défaite d’un tel projet enlève une pression sur les projets d’aménagement de la Canardière, mais elle ne l’enlève pas totalement, comme en attestent les plans de certains promoteurs tels que Brivia qui a déjà acquis plusieurs terrains commerciaux dans le secteur et qui prévoit construire près de trois cent unités de luxe autour du nouveau complexe hospitalier de l’Enfant-Jésus. Ces visées commerciales suscitent des préoccupations, car encore une fois elles semblent vouloir s’imposer en ignorant la crise du logement actuelle, privilégiant des locations à court terme de type 3 1/2, vraisemblablement destinées aux médecins spécialistes de passage, au lieu de répondre au besoin de logements abordables pour les familles du coin.

Une pétition en cours

La Table citoyenne Littoral Est sollicite le soutien de la communauté pour appuyer un projet visant à convertir le garage municipal (coin Henri-Bourassa et Canardière) en un centre social autogéré. Cette initiative a déjà obtenu le soutien de plus d’une vingtaine d’organismes et est en quête de 1 000 signatures pour soutenir cette transformation. Pour signer la pétition et contribuer au projet, vous pouvez vous rendre sur le site de la Table citoyenne Littoral Est.

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