Mobilisation au sein du communautaire: émergence d'un nouveau sujet politique

Publié le 13 avril 2016

la manifestation du communautaire en décembre 2015. jpg

Par Yorick Godin

Depuis 1er mai 2015, le communautaire est sorti dans la rue pour dénoncer l’austérité en faisant des alliances avec le mouvement étudiant et syndical. Au sein de ce mouvement, j’ai observé les tendances du Regroupement des organismes communautaires de la région de la Capitale (ROC-03). Ce regroupement est en train de se politiser comme voix unie dans le mouvement, comme citoyen collectif. Le gouvernement libéral est tellement agressif sur le plan de l’argent qu’il force l’unité du mouvement communautaire

Le citoyen collectif

Les prises de position au sein du ROC-03 étaient chose courante, mais pas avec d’autres groupements de défense de droits, comme le Regroupement d’éducation populaire et d’action communautaire (Répac). Ainsi, la politique gouvernementale d’austérité a provoqué une unité de l’action communautaire autonome (ACA), comme des alliances avec les étudiants et les travailleurs en créant un mouvement social.

Depuis plusieurs années, les groupes en défense de droits et ceux de l’ACA sont passés de luttes par secteurs (femmes, citoyens, locataires) à une lutte plus large. Le ROC s’est joint au mouvement qui s’est accéléré depuis l’automne, après l’opération « le 30 on bloque » de septembre dernier.

De la lutte sectorielle à la lutte globale

Les promesses d’augmentations de budget du gouvernement Marois en 2013, non tenues car ce gouvernement a été battu, ont fait mal aux groupes communautaires.

La lutte du communautaire pour sa reconnaissance et son financement est devenue une lutte qui concerne toute la société.

La question du sous-financement des organismes communautaires a fait monter l’action des groupes jusqu’à une valeur politique. De plus, le gouvernement libéral veut non seulement couper dans les budgets, mais aussi changer le type d’entraide. Il cherche à mettre les services en compétition de telle manière qu’il tend à façonner vraiment un business de la pauvreté.

Ce qu’on observe actuellement, c’est une tendance à demander aux organismes communautaires de faire une sous-traitance commandée par le gouvernement, sous caution du financement. On sort de l’autogestion qui était la forme de gestion des organismes communautaires, qui cherchent à défendre leur autonomie.

Le pouvoir de se définir

Les groupes du ROC-03 définissent eux-mêmes leurs rôles en santé et services sociaux. Cette autodétermination du sujet politique et de sa cause, permet d’être à l’écoute des citoyens et ultimement d’être vigilant à l’égard du gouvernement. Si l’État corrigeait le marché, avec le financement des services sociaux, maintenant il veut faire «marcher» le communautaire dans une optique d’entreprise privée.

Les citoyens rencontrés dans l’exercice de leurs droits se tiennent debout comme leur groupe. Avec une certaine joie, un autre monde devient possible encore. Le pouvoir de définition est l’enjeu démocratique des luttes de groupe.

Aux sources de l’action communautaires

Au-delà du misérabilisme, l’intérêt public ne peut être ramené à des questions privées, à une organisation qui sert seulement à donner des services. La culture de l’action communautaire autonome s’est développée dans l’esprit d’autodétermination à la fois des individus et des groupes, du mouvement. Plus que jamais, il n’est pas démocratique de se laisser définir de l’extérieur. Enlever de l’autonomie aux groupes communautaires participe à la centralisation du pouvoir politique. À l’ère néolibérale, défendre la décentralisation et l’autogestion devient une question vitale.

Alors qu’on pourrait dire que la culture de l’action communautaire est fragilisée, le Regroupement des organismes communautaires arrive sur la place publique. D’ailleurs, le ROC-03 participera avec d’autres organismes aux journées de mobilisation autour du 1er mai.

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