Par Bernard St-Onge
Du 5 au 31 mars, la belle ville de Québec sera envahie par la poésie. Pour une huitième année, l’organisme « Le Printemps des Poètes » (rien de moins que lauréat du Prix Ville de Québec remis dans le cadre du 28e Gala d’excellence des arts et de la culture) récidive et présente un festival de poésie et d’arts littéraires unique au Québec. Plus de soixante spectacles et activités sont au programme, facile à consulter au « moisdelapoesie. ca », ou en copie papier dans une centaine de points de chute (bibliothèques, centres communautaires, commerces) à travers la ville.
Lors de la conférence de presse du 10 février qui présentait la programmation du Mois de la Poésie 2015, Isabelle Forest, directrice du Printemps des Poètes, a expliqué le pourquoi du thème de cette année : « Laissez- vous séduire par la bête » !!! La poésie une bête ? Peut-être un genre particulier d’« animal littéraire », souvent perçu comme insaisissable, étrange ou même… obscur. L’espace me manque pour décrire toutes les activités incontournables, mais voici quelques activités poétiques gratuites qui auront lieu :
Les 13 et 14 mars, Charles Sagalane propose « L’armoire aux costumes » dans la vitrine du magasin Laliberté.
Le 15 mars, 14 h, dans le hall de la « Nef », quelques poètes (dont votre humble serviteur) du journal La Quête, qui fête ses vingt ans cette année, vont offrir un récital et un « Secret au confessionnal ». Ça vous intrigue ? Il faut venir pour vivre l’expérience.
Le 18 mars à 19h, pour les jeunes de 13 à 17 ans, Raphaël Mascolo propose un atelier d’écriture Hip-hop à la bibliothèque Gabrielle Roy. Du 19 au 22 mars, c’est le retour des « Brigades poétiques ». Tina Charlebois, Daniel Groleau Landry et Sonia Lamontagne, vêtus de dossards et brandissant leur arrêt-poésie, récitent dans différents lieux publics à travers la ville.
Le 21 mars, nommée journée mondiale de la poésie par l’UNESCO, à 20h30, se tiendra la Nuit de la poésie animée par Nora Atalla, au Studio P. Une trentaine de poètes, parmi les plus reconnus de la ville, vont performer accompagnés par Frédéric Dufour à la guitare. Cette soirée sera précédée d’un 5 à 7 festif (10$) sous la présidence d’honneur d’Hélène Dorion qui vibre pour et avec la poésie depuis plus de trente ans. J’ai eu le bonheur et l’honneur de recueillir quelques-uns de ses propos :
Bernard S. Qu’est-ce que vous voulez dire aux gens de Droit de parole sur le mois de la poésie ?
Hélène D. « Je leur dirais que la poésie est quelque chose d’accessible, dont on a besoin dans notre vie, dans notre société. En faire l’expérience de façon variée, comme le permet le Mois de la Poésie, c’est une occasion de l’amener dans notre vie, d’aller voir, lire, entendre les poètes et de savoir que la poésie a quelque chose d’important à nous dire et quelque chose d’important à mettre dans nos vies. »
Bernard S. Quelque chose d’important comme ?
Hélène D. « Comme du sens. Surtout par rapport à la langue de bois. Nous, on essaie de redonner un sens aux mots, à des expressions qu’on utilise tous les jours. Pour moi, juste ça, c’est une résistance. C’est questionner, poser des questions et qu’on ne fasse pas les choses en y allant, juste parce que tout le monde y va. Le poète est un peu comme un veilleur qui dit : « Pourquoi on va là ? Pourquoi on fait ça ? Est-ce que ça a du sens ? Est-ce que ce qu’on est comme être humain est bien représenté ? Est-ce que ça représente ce qu’on a de meilleur d’aller là ? » Pour moi le poète est un peu un gardien. »
Bernard S. Il réfléchit, il est un philosophe ?
Hélène D. « Oui, et c’est aussi un ludique. C’est quelqu’un qui va apporter une manière ludique de concevoir la langue et qui est capable de sortir des enjeux habituels et d’amener une autre façon de voir. Et quand on voit le langage différemment, on peut voir le monde et la société différemment. C’est dans ce sens-là que l’engagement d’un poète est important. »
Ouvrez grands les yeux et les oreilles, en mars à Québec, la « Bête » vous appelle…