Les nourritures terrestres

Par Nathalie Côté
Publié le 14 août 2018
Faims, Geneviève Lévesque, Éditions Le Sablier, 2018, 26 pages.

L’auteure Geneviève Lévesque, que vous pouvez lire souvent dans nos pages, lançait en juin dernier son troisième recueil de poésie intitulé Faims aux Éditions du Sablier. Le petit opus comptant vingt-six pages regroupe des poèmes du quotidien tournant autour de la cuisine, de la table et des repas. «C’est un cheminement initiatique, familial. La nourriture peut être vue comme un lien vital entre les personnes», explique l’auteure. L’ensemble prend une dimension narrative racontant la vie d’un couple, les silences, les questionnements

On est plus près des tourments d’Anne Hébert, d’ailleurs citée au début du recueil, que de l’humour et des dérives du poète Franco-ontarien Patrice Desbiens. «Je lisais l’œuvre d’Anne Hébert lors de l’écriture de ce livre», raconte l’auteure.

Le rythme est constant, tels les repas qui reviennent comme des rituels ; chaque poème témoigne d’un de ces moments. Il y a trois personnages, comme le précise l’auteure, je, tu et il. Un extrait : «Le curcuma et le poivre se mêlent/ la parole s’anime/l’huile crépite/ accueille l’ail/l’espoir envahit nos poumons/Il fera beau demain/dis-tu sans regarder dehors».

C’est la vie quotidienne d’une jeune famille avec les repas à préparer. «Au début cela devait s’appeler poésie culinaire. Je faisais beaucoup de bouffe à l’époque. On n’avait pas beaucoup de sous…» confie-t-elle. Pour la poète, la nourriture a une dimension émotionnelle et affective. On y lit encore : «Nous savourons/ les pastilles du silence/la certitude d’avoir mangé/tu ris/je regarde l’enfant qui dort/il verra demain dis-tu/ je me demande ce que demain verra en lui/dans mon ventre/tu verses/la dernière goutte de vin.»

Il s’agit de faim, mais aussi de différentes faims. Il y a certes les repas à faire, la nourriture à trouver. Mais le seul fait d’en faire un sujet poétique, l’enjeu de la faim est déjà transcendé. En effet, n’est-ce pas lorsqu’on a comblé nos besoins fondamentaux, qu’on peut élever notre esprit vers des sphères plus abstraites?

Geneviève Lévesque, Québécoise et Acadienne d’origine née à Tracadie au Nouveau-Brunswick est aussi une slameuse impliquée sur la scène du slam de Québec. Avec le groupe Les orages de janvier, elle met actuellement les textes de ce recueil en musique.

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