Terres des Sœurs de la Charité, un enjeu électoral

Publié le 11 mai 2018
Les terres des Sœurs de la Charité. Illustration: Marc Boutin

La sortie d’André Villeneuve, porte-parole du Parti québecois en matière d’agriculture et d’alimentation, en faveur du maintien de la fonction agricole des terres des Sœurs de la Charité, donne un second souffle à la lutte que mènent les citoyens et les agriculteurs pour conserver les terres.

Le député a pris la parole le 25 avril dernier, accompagné de Mireille Bonin de Voix citoyenne ainsi que d’agriculteurs, dont Christian Hébert, président de la Relève agricole Capitale Nationale/Côte-Nord. Tous comptent poursuivre leur travail pour sauver les terres du bétonnage que compte faire l’actuel propriétaire des terres, l’entreprise Cominar au nom de sa Fondation Dallaire.

La voix citoyenne

Pour la porte-parole de Voix citoyenne Mireille Bonin, « il faut un gouvernement qui ait une volonté politique pour défendre les terres agricoles du Québec. Il faut s’assurer que la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles ait un leader. En 1978, quand cette loi a été adoptée, rappelle-t-elle, il y avait Jean Garon et le Parti Québécois pour protéger le territoire. Il y avait une volonté politique. La loi mérite d’avoir une voix politique forte pour qu’elle ait des chances de survivre. »

Les engagements du P.Q.

André Villeneuve a réitéré l’engagement de son parti, « à savoir qu’un gouvernement du Parti québécois ne permettra pas que les terres des Sœurs de la Charité sortent de la zone agricole ». Il a invité les autres partis à se prononcer : « Je me permets ce matin (le 25 avril) de demander au Parti libéral, de demander à la CAQ de prendre le même engagement. (…) Est-ce qu’ils vont s’engager à garder dans le giron de l’agriculture les terres des Sœurs de la Charité ? La question est posée et on espère avoir une réponse de leur part. » Pour assurer le maintien des activités agricoles sur les terres des Sœurs de la Charité, le Parti québécois propose d’utiliser l’article de loi 96 de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. Selon cet article, le gouvernement a le pouvoir de soustraire une affaire à la compétence de la Commission de protection du territoire agricole. André Villeneuve envisage ainsi de faire une démarche concrète pour préserver la vocation des terres.

Réponse du ministre

Le Ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, a répondu au député d’opposition comme l’a confirmé son cabinet. En effet, tel qu’on pouvait le lire dans le journal Voix agricole du 26 avril dernier, il a répliqué à l’appel du député péquiste : « Je ne suis pas le gouvernement. Il n’y a pas de demande en ce sens pour le moment et la CPTAQ (Commission de protection du territoire agricole du Québec) devra le cas échéant étudier le cas et je ne peux présumer de la réponse ». Québec solidaire a pris position dès 2014 dans le dossier en appuyant les démarches de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et en rappelant qu’il est essentiel de préserver ces terres. Quant à la CAQ, on ne connait pas encore sa position.

L’élection éventuelle de la CAQ : un désastre en agriculture

Selon Christian Hébert, président de la Relève agricole Capitale Nationale/ Côte Nord, ce serait un désastre au niveau de l’agriculture si la CAQ remportait les prochaines élections. L’agriculteur de Deschambault dénonce l’actuel accaparement des terres par de grandes entreprises : « Cominar n’est pas seulement propriétaire des terres des Sœurs de la Charité, cette entreprise est actuellement le plus grand propriétaire de terres agricoles dans l’Est du Québec. »

L’accaparement des terres agricoles

À Lévis, à Portneuf, à Saint-Augustin, les entreprises Cominar, Construction & Pavage Port-Neuf (principal fournisseur en asphalte du Ministère des Transport) ainsi que l’entreprise PANGEA sont d’importants propriétaires de terres agricoles, résume Christian Hébert rappelant au passage que Charles Sirois, propriétaire de l’entreprise PANGEA, est aussi un des deux cofondateurs de la CAQ avec François Legault. Tel que le souligne le jeune agriculteur : « Il y a beaucoup de lobbies, mais la population est contre le dézonage. Les gens veulent une loi pour protéger les terres agricoles. » Il précise : « Lors du congrès national de la Relève agricole, on a voté une résolution contre l’accaparement des terres. On demande qu’il y ait une loi. La Saskatchewan en a adopté une », souligne-t-il.

La Ville de Québec et son schéma d’aménagement

On se souviendra que la Ville de Québec a donné son appui au développement immobilier sur les terres des Sœurs de la Charité sous prétexte d’une éventuelle augmentation de la population à Québec inscrite dans la première version de son schéma. Le conseil d’agglomération va déposer la troisième version du Schéma d’aménagement d’ici le 5 juillet (moment du dernier conseil d’agglomération d’ici le 29 août).

À partir de ce moment, le gouvernement a cent vingt jours pour donner son approbation. L’objectif de la Ville est que son schéma d’aménagement soit en vigueur à l’automne 2018. La version finale tiendra-t-elle le même discours favorisant l’exclusion du zonage agricole des terres des Sœurs de la Charité ? En outre, aucune demande d’exclusion au zonage agricole n’a été déposée en ce début mai à la Commission de protection du territoire agricole.

Les actions à venir

Christian Hébert de la Relève agricole n’a pas l’intention d’abandonner : « On mobilise la population. Il va y avoir d’autres sorties au courant de l’année, en juin, tout l’été, à l’automne, tout l’hiver ! Tant que le dossier ne sera pas réglé. » Voix citoyenne invite les citoyens à écrire dès maintenant aux partis politiques pour faire valoir le respect du zonage en milieu urbain.

Commentaires

  1. A qui de droit,

    Voici CITOYENS AU POUVOIR DU QUÉBEC : http://www.citoyensaupouvoir.ca

    Démocratie directe, selon le modèle suisse.

    Je tiens à souligner que notre parti connaît présentement une lancée spectaculaire dans les médias sociaux (voir document statistique). Janvier 2018 : 2 candidats – Septembre 2018 : 65 candidats.

    Stéphane Blais, chef du parti, est disponible pour un entretien : 418-670-8308

    Pour son audace de réussir, vous avez le pouvoir d’exposer la différence.

    Au plaisir,

    Nathalie

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