Un art rebelle

Publié le 13 avril 2016
Vue de l'exposition des oeuvres de Daniel Erban chez Lacerte. Photo: courtoisie.
Vue de l’exposition des oeuvres de Daniel Erban chez Lacerte.
Photo: courtoisie.

Par Nathalie Côté

La galerie Lacerte présente des œuvres sur papier de l’artiste montréalais Daniel Erban. Ses dessins bruts dépeignent des scènes de violences dénonçant les injustices et l’exploitation            sexuelle, mais révèlent surtout les combats intérieurs de l’artiste.

Pour cette première exposition du travail de Daniel Erban à Québec, le galeriste Louis Lacerte a choisi les pièces les plus softs, prévient-il. Une quinzaine de dessins sur papier à l’encre et à l’acrylique, de rouge et de noir, nous font connaitre l’œuvre d’un artiste marginal qui produit, depuis plusieurs décennies, un art en dehors des modes.

Bien qu’on ne voudrait pas les côtoyer au quotidien, ces pièces ont le mérite de cultiver une cohérence entre la forme et le contenu. Ce qui semble le plus intéressant dans ce travail, ce sont les traits bruts, le dessin graphique proche de la BD: la charge émotive. Ce sont des œuvres qui pourraient avoir été réalisées par un jeune rebelle exprimant son ras-le-bol du monde.

Réalisés au cours des 10 dernières années, ces dessins mettent en valeur le paradoxe qu’il y a dans le fait de montrer pour dénoncer et les limites de ce procédé. Si ce n’était que la dénonciation d’injustices, l’intérêt serait de courte durée. Mais ces pièces vont au-delà d’une simple démonstration.

Il y a plusieurs images à caractère sexuel, qu’on devine être des scènes de bordel, des figures pleines de colère ou encore, des corps disloqués. Ce sont des scènes de guerre, cauchemardesques, et, fort probablement, des manifestations des propres peurs de l’artiste.

On devine, dans cet intérêt de l’artiste pour le geste spontané, automatiste, un intérêt tout aussi fondamental pour ce qui émane de l’inconscient. Ainsi, on n’est pas ici dans la dénonciation littérale, voire pédagogique, mais ce sont des images vaguement surréalistes. C’est cela, qui donne à ses dessins une dimension personnelle, originale.

L’artiste montréalais, né en Israël en 1951, semble porter à jamais les souffrances de l’Holocauste auquel a survécu sa mère. Cela a marqué son travail pictural, qui est réalisé, de surcroit, dans un esprit qui rappelle l’esthétique expressionniste du début du XXe siècle, tant par le trait passionné que par le propos social.

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