Une capitale plus ouverte qu'on ne le croit

Publié le 14 décembre 2015
 Un don de tuques tricotées à la main par Joane Lafrance. PHOTO joane lafrance
Un don de tuques tricotées à la main par Joane Lafrance. PHOTO Joane Lafrance

Par Lynda Forgues

Le mois dernier, les médias sociaux avaient beaucoup commenté le jeté d’une bannière à Québec qui disait : Réfugiés Non merci. Même si, le lendemain, une autre bannière plus accueillante la remplaçait, pour de nombreux commentateurs et internautes, les gens de la vieille capitale passaient pour des intolérants. Jusqu’au maire Labeaume qui se mettait à devenir frileux dans son accueil aux réfugiés Syriens…

Or, de nombreuses initiatives ont vu le jour à Québec. Nous avons interviewé trois personnes qui préparent le terrain pour les nouveaux arrivants, Martin Beaudoin, François Deschamps et Jean-Daniel Nicol.

Une journée d’accueil chaleureuse

Martin Beaudoin a créé la Journée de bienvenue aux arrivants Syriens dans la Vieille-Capitale, une page d’événement Facebook bien vite rejointe par des milliers de personnes, toutes de la région. Voici son programme : « Avec l’arrivée de nombreux réfugiés venant de la Syrie, […] je propose de leur souhaiter la bienvenue au Canada en invitant la communauté à les rencontrer, interagir avec eux et leur faire se sentir accueillis ici. S’il y a des gens qui veulent s’impliquer, dites-moi le et on pourra discuter. »

M. Beaudoin nous explique : « L’idée m’est venue de manière très spontanée en fait : je commençais à être très découragé des commentaires négatifs de certaines personnes par rapport au traitement des réfugiés qui arrivaient au Canada et des faux mythes qu’ils entretenaient… De plus, un rapprochement culturel me semblait la chose à faire pour qu’ils se sentent bien chez nous et aussi montrer à la population de Québec que les réfugiés vont être importants et utiles dans notre communauté. »

L’étudiant en Études Internationales de l’Université Laval se dit très surpris de la réponse des gens. Il a reçu de nombreux courriels des personnes voulant s’impliquer, dans l’organisation de l’événement, aussi pour servir d’interprètes. Il a de plus reçu bien des encouragements. Son projet qui reposait d’abord sur beaucoup d’enthousiasme et de bonne volonté, M. Beaudoin l’a étoffé en tissant des liens avec des professionnels de l’accueil des personnes réfugiées, le Centre multiethnique de Québec.

Martin Beaudoin trouve son expérience incroyable et ça lui permet d’apprendre beaucoup sur la situation réelle des immigrants de la capitale. Il remercie chaleureusement tous les gens qui appuient l’initiative. Pour qui est intéressé, voir la page Facebook : Journée de bienvenue aux arrivants Syriens dans la Vieille-Capitale.

Maille par maille, tisser la solidarité

L’initiative 25 000 tuques existait depuis peu, visant à souhaiter la bienvenue aux réfugiés Syriens de façon concrète et chaleureuse, en leur offrant une tuque tricotée à la main ainsi qu’un mot de bienvenue, une idée de Danielle Létourneau de Montréal.

Jean-Daniel Nicol a été approché par Madame Létourneau, une amie Facebook, pour s’occuper d’étendre le projet dans la région de Québec, le groupe 25 000 tuques : Ville de Québec et les environs a vu le jour. Le musicien de Limoilou trouve cette expérience enrichissante et stimulante. « Voir l’ampleur que ça prend et l’engouement que ça suscite redonne confiance en l’humanité. »

Un projet d’une telle ampleur ne se fait pas sans quelles difficultés. Monsieur Nicol nous les détaille : « La coordination entre les points de chute et les organismes qui nous permettront de distribuer les tuques directement aux réfugiés, trouver les personnes ressources dans les organismes en question, tous des points sur lesquels l’équipe travaille en ce moment, mais plus souvent, des petits détails comme rappeler la mission aux gens, leur rappeler d’écrire un petit mot, les rediriger lorsqu’ils veulent donner d’autres vêtements ou des denrées alimentaires. Personnellement, je trouve que c’est un beau problème quand les gens veulent donner plus que ce que l’on peut gérer ! »

C’est un projet très original et emballant. On voit des tricoteuses, et même des tricoteurs, se donner des rendez-vous dans des cafés, ou des salons, pour tricoter des bonnets et des tuques. On lui a posé la question s’il savait ce qui peut motiver tant de gens de la région à tricoter pour les personnes réfugiées : « L’envie de combattre la peur et le cynisme par la compassion et l’espoir. L’envie d’accueillir ces gens, comme on sait si bien le faire dans la région, à bras ouverts, chaleureusement. »

Jean-Daniel Nicol tient à remercier les points de dépôt, par exemple, le Musée de la civilisation, La Punk-Icerie, Argus livres anciens, Cœur de mailles, etc., et les organismes et toutes celles et ceux qui tricotent, pour leur implication. « Sans tout ce beau monde, rien de tout cela ne serait possible. » Pour rejoindre le groupe : 25 000 tuques : Ville de Québec et les environs.

Une vision politique

Le collectif Bienvenue aux réfugiés Ville de Québec existe depuis le 10 novembre dernier. Ayant été témoin de campagnes pro-immigration en Allemagne, François Deschamps voulait mettre sur pied une initiative du genre adaptée à la capitale. La principale difficulté, selon lui, est d’extirper du sein de la population la peur des réfugiés : « La peur fait vendre et l’enjeu de l’immigration se retrouve contaminé par le discours xénophobe masqué par un semblant de discours sécuritaire. » Au sujet de la réception du discours par les internautes : « Au début nous recevions beaucoup de messages haineux ou carrément des menaces de mort. Maintenant c’est totalement l’inverse. Notre première rencontre d’information a été un franc succès et nous recevons chaque jour des messages de soutien ou encore des offres d’implication ou de dons. » Si vous voulez joindre le collectif, visitez la page Bienvenue aux réfugiés — Ville de Québec

L’accueil pour Noël

À l’approche des fêtes, il est temps de nous rappeler qu’il y a des millénaires un couple moyen-oriental poussé à l’exode, la femme portant un enfant, n’ont pas réussi à trouver un seul endroit pour les accueillir alors qu’ils fuyaient, tout comme leurs compatriotes, les exactions, les injustices et la mort. C’est dans une étable, au milieu des bêtes, que la mère a dû accoucher. Espérons que nous saurons nous montrer plus accueillants pour les réfugiés à Québec.

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