Face à l’industrie du pétrole : l’action citoyenne

Publié le 14 décembre 2015

Après la victoire du mouvement citoyen contre les gaz de schiste, dans la vallée du Saint-Laurent, après celle contre la construction d’un port pétrolier à Cacouna, la résistance aux industries fossiles continue. Les actions se multiplient contre la construction du pipeline d’Énergie Est et contre l’inversion du pipeline 9B d’Enbridge.

Par Nathalie Côté

Le 7 décembre dernier, trois activistes se sont enchainés au dispositif d’oléoduc d’Enbridge à Sainte-Justine-de Newton, la municipalité à la frontière entre l’Ontario et le Québec. La valve de l’oléoduc, située à la porte d’entrée du Québec, a été fermée par les activistes qui s’y sont enchainés pendant dix heures.

L’Office national de l’énergie (ONE) du Canada a donné son accord au projet d’inversion de la ligne 9B d’Enbridge pour permettre de transporter le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’à Montréal. Qu’à cela ne tienne, les municipalités et les citoyens continuent de refuser ce projet d’inversion du vieil oléoduc construit il y a 40 ans. De plus, 80 groupes et organismes exhortent le gouvernement Trudeau à suspendre ce projet.

TransCanada continue sa propagande

Le pipeline que veut construire TransCanada serait le prolongement de l’actuelle ligne 9B d’Enbridge qui se rend jusqu’à Montréal. De là, pour transporter le pétrole, soit un nouvel oléoduc continuera, soit le transit serait effectué par train ou par bateau.

Pour convaincre la population, TransCanada a mis en œuvre ce que l’on peut appeler, sans trop se tromper, une campagne de propagande, en faisant une grande tournée de municipalités canadiennes. Maquettes, photos et autres documents composaient une exposition qui traitait essentiellement de la sécurité du pipeline que l’entreprise veut construire jusqu’au Nouveau- Brunswick pour atteindre un port qui permettrait l’exportation des sables bitumineux sur les marchés internationaux.

Dans chacune des municipalités visitées au Québec, l’équipe d’experts de TransCanada a dû affronter des opposants à son projet. Après le passage à Témiscouata, puis à Trois-Rivières, l’exposition de TransCanada a fait escale à Saint-Augustin-de-Desmaures, où la police a interdit l’accès de l’exposition aux manifestants. Les résidants de Saint- Augustin sont nombreux à se mobiliser contre le projet de pipeline.

Manifestation à Lévis

À Lévis, une quarantaine de personnes étaient sur place pour signifier leur opposition au projet de pipeline qui pourrait passer sous le fleuve Saint-Laurent. La soirée s’est déroulée sous le regard d’un service d’ordre discret, mais très imposant, prêt à intervenir en cas de perturbation.

Quelques opposants au projet ont discuté avec le personnel de TransCanada qui refusait d’aborder les questions autres que techniques ou tout sujet remettant en cause le projet : la question des changements climatiques, ou celle des gaz à effet de serre produits par l’exploitation des sables bitumineux.

Les membres du groupe Stop-oléoduc-Île d’Orléans étaient sur place. Ils travaillent avec la fondation Coule pas chez nous et s’opposent au transit du pétrole bitumineux à travers le Québec, par n’importe quel moyen de transport que ce soit.

Vont-ils tout écraser sur leur passage ?

Peut-on attendre que les politiciens et les gouvernements remettent en question le développement des énergies fossiles, du pétrole et des sables bitumineux ? Ainsi que l’explique Naomi Klein dans son essai Capitalisme et changements climatiques, tout peut changer : « La véritable cause de l’inertie actuelle face aux changements climatiques tient au fait que les mesures nécessaires menacent directement le paradigme économique dominant (qui combine capitalisme dérèglementé et austérité). » En effet, remettre en question la domination des combustibles fossiles, c’est aussi remettre en question la société de consommation et la croissance à tout prix.

André Bélisle, président de l’Association québécoise contre la pollution atmosphérique, le rappelle : « les grands changements viennent de la population». Ils s’imposent par la mobilisation populaire, comme on l’a vu dans la lutte contre le port pétrolier de Cacouna et celle contre les gaz de schiste.

Dans quelques mois aura lieu une conférence provinciale-fédérale où le Canada et les provinces adopteront des cibles précises pour lutter contre les changements climatiques. Les décisions audacieuses ne viendront pas des politiciens si la société civile n’est pas là pour leur forcer la main. Comme le dit si bien la jeune activiste Alyssa Symons-Bélanger, dans le documentaire Pipelines, pouvoir et démocratie : «Nous ne leur abandonnerons pas nos vies. »

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