Plaidoyer pour le Marché du Vieux-Port

Publié le 16 juin 2016
Illustration: Marc Boutin
Illustration: Marc Boutin

Par Nathalie Roy

Nous venons de vivre, au Québec, la Semaine de la municipalité. Cette grande fête du milieu municipal avait lieu du 29 mai au 4 juin; elle visait à faire découvrir aux citoyennes et aux citoyens l’étendue des services de proximité. Au même moment, à Québec, un profond désaccord se creusait entre l’administration municipale et la population, concernant la survie du marché du Vieux-Port. Une pétition de plus de 10 000 signatures a d’ailleurs été déposée le 6 juin dernier, au Conseil municipal, pour exiger le maintien du marché sur son site actuel, au coeur du Vieux-Québec.

À cause de la valeur emblématique de ce marché public, pour un Vieux-Québec qui n’a plus d’épicerie digne de ce nom, l’occasion m’a semblé tout indiquée pour expliquer aux élus les multiples avantages que représente la disponibilité d’un marché comme celui du Vieux-Port, dans le périmètre du Vieux-Québec. Le Vieux-Québec est le quartier de ses quelque 4 800 habitants et des milliers de gens qui le fréquentent quotidiennement ou occasionnellement.

Le marché du Vieux-Port, que nous pouvons rejoindre à pied de tout point du Vieux-Québec, nous est essentiel pour nous approvisionner en fruits et légumes frais, cultivés localement, en poissons et crustacés pêchés la veille dans le St-Laurent, ou en délicatesses comme la liqueur de cassis de l’Île d’Orléans ou le sirop d’érable de l’Ange- Gardien, par exemple. Les producteurs des environs sont heureux de pouvoir atteindre le point de vente en quelques minutes ! Le marché est un centre d’attraction : les travailleuses et les travailleurs du centreville s’y rendent pour faire leurs emplettes en produits frais, de même que les chefs des grands restaurants de Québec, et les créateurs de loisir y déploient leur industrie. Rappelons-nous la jeune entreprise qu’était le Cirque du Soleil. C’est à côté du marché qu’elle avait érigé son premier chapiteau! C’était au début des années 1980.

C’est aussi un point de rencontre pour les promeneurs, piétons ou cyclistes qui aiment se restaurer dans les Halles ou, mieux encore, pique-niquer au bord de l’eau, sur la terrasse qui surplombe le Bassin Louise.

Ce ne sont là que quelques-unes des activités que les citoyens de Québec pratiquent depuis des décennies sur le terrain public tant convoité. Alors, face à un Conseil municipal qui aurait déjà mis fin à l’aventure du Marché du Vieux-Port, si une condition accompagnant la transaction ne limitait pas les utilisations de ce terrain qui fut cédé à la Ville de Québec, je pose une question : pourquoi fermer, ne seraitce qu’en partie, un marché qui ravit ses clients et ses vendeurs ?

Si c’est pour attirer la clientèle quatre ou cinq kilomètres plus loin, vers un éventuel marché de 100 000 pieds carrés que le Conseil municipal imagine construit à côté de l’amphithéâtre Vidéotron et du futur terminus d’autobus, c’est un mauvais pari.

Récapitulons : situé au milieu d’un quartier densément peuplé, le marché du Vieux-Port est accessible à pied pour une bonne part de sa clientèle. De plus, son emplacement géographique fait qu’il permet la consommation de produits locaux en toute saison. Ensuite, la rénovation d’un bâtiment est possible à un coût largement inférieur à celui d’une construction neuve. Voilà trois aspects du projet qui servent principes du développement durable et qui militent en faveur de la protection de notre marché.

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