Le poète De Saint-Denys Garneau: une biographie

Publié le 19 octobre 2015
Biographie De Saint-Denys Garneau
Biographie De Saint-Denys Garneau

Par Charles Quimper

La maison d’édition du Boréal publie ces jours-ci une biographie du poète Hector de Saint-Denys Garneau, un livre signé Michel Biron. Mort très jeune à l’âge de 31 ans, le poète n’aura eu qu’un seul recueil publié de son vivant et est disparu dans des circonstances troubles dans les eaux de la rivière Jacques-Cartier en 1943.

L’homme provenait d’un milieu aisé à la pensée archaïque, un milieu rigide, contraignant, mais sa poésie, sa poésie par contre, était résolument moderne et sans attaches : « Les grands pins, vous êtes pour moi semblables à la mer. La rythmique lenteur de vos balancements, vos grands sursauts quand vous luttez contre le vent, vos rages soudaines, vos révoltes ».

Imitant d’abord les efforts des poètes classiques, sa poésie se détache soudain et vole de ses propres ailes. Il parvient alors à créer un objet qui n’existe nulle part ailleurs, une œuvre ayant une existence et une originalité propres à son auteur.

« Une tendre chiquenaude
Et l’étoile
Qui se balançait sans prendre garde
Au bout d’un fil trop ténu de lumière »,

écrivait-il dans Regards et jeux dans l’espace, un recueil qui transpire la solitude et le malaise, mais un recueil empreint d’une tendre beauté

« […] Laissez-moi traverser le torrent sur les roches. Par bonds quitter cette
chose pour celle-là. Je trouve l’équilibre impondérable entre les deux. C’est là sans appui que je me repose.»

Dans la biographie de Michel Biron on découvre avec étonnement un Garneau nerveux, colérique, prompt, hanté par le regard de ses pairs sur son œuvre, mais également par celui de la critique, (c’est d’ailleurs suite à de mauvaises critiques qu’il brûlera les exemplaires restants de Regards et jeux dans l’espace et qu’il cessera de publier, tournant le dos aux Lettres), un type exigeant envers ses proches, impitoyable envers lui-même.

Un homme de droite se disant antiféministe, un homme borné, égocentrique, un homme semblant en perpétuelle détresse, obsédé par la mort.

J’ai été déçu de ma lecture, en ce sens que j’avais eu l’idée de faire cette critique parce que j’aimais St-Denys Garneau, et que j’étais certain de pouvoir démontrer qu’il était un révolutionnaire, du moins, la force de ses écrits me permettait de le croire. J’ai au contraire découvert un homme aux idées étroites, petites, et une personnalité déplaisante, repliée sur elle-même. Tout le crédit revient à l’auteur du livre, Michel Biron, qui a effectué un travail de recherche colossal, nous présentant des esquisses, des lettres écrites à des proches, des extraits de journal, des photographies et des peintures réalisées par le poète, afin de dresser un portrait exact et adéquat de l’écrivain. J’avais très hâte de lire ce livre, très hâte de me plonger dans cet univers, mais j’ai été mal à l’aise de constater qu’un homme que j’admirais tant était en fait un petit gosse de riche sans grande originalité dans ses idées.

J’imagine qu’on peut ne pas aimer le portrait qui nous en est tracé, il faut s’incliner devant le talent de l’écrivain et son apport à la culture d’ici. Car ce sont à travers les vers inédits de Garneau que le livre acquiert toute sa richesse: « Nous allons détacher nos membres et les mettre en rang pour en faire un inventaire Afin de voir ce qui manque De trouver le joint qui ne va pas Car il est impossible de recevoir assis tranquillement La mort grandissante. »

Michel Biron, De Saint-Denys Garneau, Boréal, 428 pages, 2015

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