On nous appellera la cohorte corona

Par sophie Lavoie
Publié le 13 mai 2020
Photo: Sophie Lavoie

Cette semaine, les tout-petits sont retournés à l’école, alors que les universitaires ont terminé leur session d’hiver. Cette session restera longtemps gravée dans ma mémoire. Ça été compliqué tout ça. Ceux pour qui la capacité d’adaptation, mais aussi leur situation financière et matérielle se portent bien, s’en sont bien sortis. Les autres, on annonce déjà des scénarios catastrophiques pour la rentrée de l’automne prochain, le taux de scolarité pourrait ainsi atteindre plus du tiers des étudiants inscrits présentement à l’école.

L’industrie touristique, de l’hôtellerie et de la restauration, sont les plus affectés par la pandémie. Or, ils représentent une importante source de revenus pour bon nombre d’étudiants. L’aide est là, vous allez me dire, mais elle ne tient pas compte les multiples réalités différentes et complexe de chaque étudiant. Nul doute que la pandémie vient exacerber les inégalités scolaires qui étaient déjà bien présentes dans le système de l’éducation.

Moi, je suis chanceuse. J’ai peu de souci et je peux ainsi me concentrer pleinement sur ma réussite scolaire. Je ne m’en suis pas rendu compte au courant du mois de mars dernier, je le savais déjà depuis longtemps. Les inégalités sont déjà très visibles dès la maternelle jusqu’aux études supérieures. Contrairement à ce qu’on aime nous répéter quand on est petit, quand on veut, on ne peut pas toujours. L’égalité des chances, même dans un des pays les plus riches de la planète, n’est pas toujours au rendez-vous.

Cette semaine, un certain nombre d’universités québécoises ont annoncé que la session prochaine se déroulera le plus possible à distance. Plusieurs s’inquiètent de la valeur de leur diplôme qui pourrait s’en voir gravement affectée. Pendant un instant, j’ai aussi eu cette crainte.  Le marché du travail semble parfois difficilement accessible; si en plus les employeurs nous catégorisent comme étant la cohorte COVID-19, ça risque de nous décourager à la recherche d’emploi une fois diplômé.

En tant qu’étudiante, j’ai envie qu’on renverse ces craintes. La cohorte COVID-19 que nous serons fera de nous une cohorte spéciale. Ça me fait sourire de penser à cela. On n’arrête pas de parler de changement, de nouveau normal, de transitions… On oublie que la fenêtre du changement sera ouverte et déverrouillée seulement quelques mois. J’ai envie que tous les étudiants et les étudiantes de tous les niveaux cultivent dès maintenant une nouvelle culture de changement. C’est à nous de définir quelles seront les valeurs de demain. D’importantes décisions sont en cours, nous devons nous assurer qu’elles soient en accord avec une économie soutenable, et une plus grande justice sociale.

J’ai moi aussi envie d’avoir peur de la perte de valeur que la pandémie pourrait avoir sur mon diplôme. J’aime mieux croire que nous avons une opportunité exceptionnelle en tant qu’étudiants et futurs diplômés et travailleurs actifs de réduire les inégalités et l’injustice, là où le virus a eu le plus de facilité à pénétrer. Nul doute que nous serons traumatisés des dommages du confinement sur notre santé mentale et financière. J’invite la communauté étudiante à traverser ce point de rupture avec succès. À enjamber l’époque actuelle, celle où nous étions vulnérables aux crises sociales et économiques vers une société où nous sommes devenus forts et unis.

 

 

 

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