Qui se souvient des phoques électroniques de Marguerite Blais?

Par Ann Gingras
Publié le 6 mai 2020
Des musiciens en concert devant une résidence de personnes âgées à Québec, le 6 mai 2020. Photo: Nathalie Côté

Non mais, Madame Blais mise décidément sur la mémoire courte des Québécoises et des Québécois. Diplômée en communications, elle utilise ce talent à outrance avec une langue de bois joviale et des phrases creuses inégalées.

Là où le bât blesse, c’est son incapacité à prendre quoi que ce soit comme responsabilité dans la situation que nous vivons en ce qui concerne les personnes aînées. Certes, elle n’est pas la seule responsable. Cependant, la gestion de cette crise par le gouvernement Legault est tout à fait pitoyable. Comment peut-on prétendre que tout est sous contrôle à la vue du nombre de décès de tous les jours et les cas qui se rajoutent au quotidien, plaçant le Québec dans le haut du palmarès ? De plus, la flexibilité et la mobilité, enfants chéris du ministère de la Santé et de ses gestionnaires, ont grandement contribué à répandre la Covid-19 dans les CHSLD tel un feu de brousse.

Mais voilà, la ministre des Aînés et des Proches aidants qui, du bout des lèvres, prend une partie de la responsabilité tout en prétendant que, dans le fond, elle n’y est pour rien. Dans le précèdent gouvernement, elle avait les mains et les pieds attachés pour faire quoi que ce soit. Ah bien…

Pourtant, je ne me souviens pas de l’avoir vu monter au front pour défendre le personnel dans les CHSLD ni d’avoir changé quoi que ce soit pour les personnes aînées. Elle était à ce point dérangée par les dénonciations qui démontraient une déshumanisation des soins et services avec un fardeau de tâche qui ne cessait de s’alourdir, et qu’elle a cherché à distraire.

2012: des budgets pour des phoques électroniques

Elle avait, à ce moment, une marge de manœuvre pour dégager un budget afin d’envoyer des clowns et Paro le phoque électronique auprès des personnes aînées. Les conditions dans lesquelles elles vivaient, rien. Conditions du personnel, rien non plus. Pourtant, elle était bel et bien ministre des Aînés et des Proches aidants en 2012 quand la CSN a mis de l’avant une campagne intitulée « Vivre dans la dignité ». De sa part ? Pas de son, pas d’images… des clowns et Paro.

Et je me souviens aussi quand elle a démissionné en 2015, peu de temps après sa réélection, frustrée non pas par les conditions de nos aîné-es ou par manque de marge de manœuvre, mais parce que Philippe Couillard n’a pas cru bon de lui donner un ministère.

Ce même Philippe Couillard qui a orchestré une réforme désastreuse en 2003, ancêtre de l’infâme réforme Barrette, ce qui ne l’a pas empêché de se joindre à ce parti trois ans plus tard pour être élue en 2007. Elle est d’ailleurs repartie avec un montant de 150 000 $ en poche en guise de prime de départ en rassurant la population que c’était son salaire différé et qu’elle allait travailler nulle part, elle allait chez elle. Deux mois plus tard, la voilà embauchée en tant que conseillère spéciale pour les questions liées aux aîné-es et aux proches aidants chez la firme de relations publiques Octane Stratégies.

Maintenant, on doit l’écouter se lamenter à quel point elle avait mal au cœur de voir les aîné-es isolés en raison de la Covid-19 ? Vraiment ? Pourtant, dès le début du déconfinement, elle s’est empressée de se mettre en isolement afin de donner l’exemple aux personnes de 70 ans et plus. Restez chez vous, avait-elle répété inlassablement.

Madame Blais rendrait jalouses les toupies de ce monde à force de tourner en rond. Durant toute sa carrière politique, elle n’a jamais su véritablement se regarder dans le miroir. Le premier ministre aurait tout intérêt à rester alerte à ses côtés. Il ne verra même pas venir le couteau qui lui sera bien ancré dans le dos quand viendra le temps, pour elle encore, de se sauver la peau.

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