Le troisième lien débouchant dans Saint-Roch: des gens inquiets de leur qualité de vie

Par Sophie Lavoie
Publié le 7 mars 2020
Assemblée publique sur le troisième lien. Photo: Sophie Lavoie

Le mercredi 4 mars dernier se tenait au Club Social Victoria une assemblée publique concernant le nouveau tracé du troisième lien. Ayant eu l’initiative de consulter les citoyens des quartiers centraux de Québec, Catherine Dorion, députée de Taschereau, a commencé la soirée en remerciant l’auditoire de sa sagesse collective avant de laisser la place aux trois experts présents sur les lieux.

Plus d’une centaine de citoyens et de citoyennes de tous les quartiers de la ville de Québec étaient présents afin de partager leurs inquiétudes face aux conséquences qu’apporteraient un tel chantier au centre-ville.

Fanny Tremblay, professeure à l’École Nationale d’Administration Publique (ENAP), a d’abord rappelé que l’utilisation de l’automobile a un impact financier collectif et individuel non-négligeable. Elle a aussi mentionné que la pollution de l’air sur les bords d’autoroutes, affecte directement les quartiers environnants et que ce sont la plupart du temps des logements à prix modiques.

Ainsi, les élargissements d’autoroutes et l’ajout de voies automobiles affecteraient d’abord les populations les plus vulnérables.

Catherine Boisclair, urbaniste à Vivre en ville, était également présente afin de faire part de l’importance de développer des villes à échelle humaine. L’étalement urbain étant au cœur du cercle vicieux de l’automobile, elle rappelle les avantages de développer des villes compactes et de les restructurer autour du transport en commun. Les villes à échelle humaine rapprochent les gens, favorisent les rencontres et les échanges, tout en maintenant une qualité de vie basée sur les transports actifs.

Un troisième et dernier intervenant, Simon Parent, designer urbain, est finalement venu rappeler des décisions importantes qui ont été prises pour Saint-Roch il y a plusieurs décennies. L’autoroute Dufferin-Montmorency et son débouché en plein centre-ville de Québec a eu d’importantes conséquences à court et long terme pour la qualité de vie des citoyens de Saint-Roch.

Ainsi, l’autoroute a rasé une paroisse entière dans les années 1950. Aujourd’hui, cet immense espace vacant reste hostile pour piétons et cyclistes alors qu’il pourrait être transformé en quartier dans un contexte de crise de logements. Aucun doute que les citoyens du quartier Saint-Roch subiraient encore les conséquences du troisième lien plusieurs décennies après son inauguration.

Pollution de l’air

Plusieurs déploraient la dépendance que l’humain a pour l’automobile et le manque de politiques publiques contraignant son usage. Son utilisation a des répercussions importantes sur la santé publique. Un médecin a d’ailleurs pris le micro pour rappeler que l’automobile tue, amène de nombreux problèmes de santé et pollue la qualité de l’air.

La représentante du conseil de quartier de Saint-Roch a demandé pourquoi le quartier de la basse-ville était constamment sous bulldozer mentionnant du même coup sa ferme opposition et celles des citoyens du quartier au nouveau tracé du troisième lien. Les politiques publiques de la Ville de Québec ont été vivement critiquées, ces dernières n’incitant pas assez l’utilisation d’un mode de transport actif et collectif et favorisant toujours plus l’utilisation de l’automobile solo.

Un citoyen a mentionné qu’il serait plus facile et beaucoup moins coûteux de sensibiliser les gens à l’usage du traversier. Le RTC devrait ajouter de nouveaux trajets d’autobus effectuant régulièrement le chemin vers la colline parlementaire à partir du traversier.

D’autres citoyens ont aussi comparé ce qui se fait à Montréal par rapport à la revitalisation de bretelles d’autoroutes en quartier et milieu de vie urbain. Ces projets sont réussis et favorisent les villes à échelle humaine. C’est exactement ce genre de projet qui devrait être mis en marche pour le quartier de Saint-Roch, a précisé une citoyenne du quartier.

Enfin, un citoyen s’est demandé quels sont les gains concrets pour les gens de Québec d’un tel projet. De toute évidence, la communauté des quartiers centraux de Québec ne voit dans cette infrastructure qu’une apparition de problèmes qui s’enchaîneront oubliant les principaux acteurs concernés et la crise climatique.

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