Je suis la Terre des Soeurs de la Charité

Par Monique Gagnon
Publié le 24 septembre 2019
La Terre des Sœurs de la Charité. À  l’horizon, la ville de Québec. Photo: DDP

Je suis la Terre des Sœurs de la Charité, je prends la parole encore une fois. À force de parler, peut-être finira-t-on par m’entendre. Je suis toujours menacée, les grandes personnes qui ont un siège sur la colline à Québec vont bientôt décider s’ils acceptent le plan d’aménagement que veut faire la Ville de Québec. C’est dans ce schéma qu’il est question de construire une mini-ville sur mon sol fertile. « Ce soir, j’ai l’âme à la tendresse », je revois ma ferme lorsqu’elle était prospère et mes occupants que je chérissais.

On me demande souvent de mes nouvelles, ce que je fais depuis le démantèlement de « ma » ferme. Mes champs sont toujours cultivés, même si certaines personnes disent le contraire; je produis du soya, de l’avoine, du blé et de l’orge. On me dit que l’objectif premier est la semence de soya; je ne connais pas toute la route entre la semence de soya et les produits de soya, tel le tofu, qui se retrouvent dans votre assiette, mais je sais que c’est une protéine végétale de plus en plus appréciée.

Mais même si mon sol fertile est encore utile pour nourrir les gens, c’est juste en attendant que le gros projet soit accepté et que les habitations prennent la place. Plusieurs personnes ont fait la démonstration qu’il existe suffisamment d’espace ailleurs pour accueillir les nouveaux ménages, mais elles aussi ne sont pas entendues… Aujourd’hui, on pourrait trouver d’autres idées pour bien utiliser ma fertilité. « Dessine-moi un mouton »; le petit bonhomme qui avait lancé cette phrase à un pilote en panne dans le désert était tenace dans son désir d’obtenir le dessin d’un mouton. Après plusieurs griffonnages, le pilote lui a dessiné une boîte avec trois trous en lui disant « Ça c’est la caisse, le mouton que tu veux est dedans ». Le pilote fut bien surpris de voir s’illuminer le visage de l’enfant… le petit Prince voyait son mouton dans cette caisse !

J’aimerais bien moi aussi que l’on me dessine un mouton; que l’on dessine ce que l’on voudrait voir sur ma terre. Ma vocation nourricière, sociale, thérapeutique pourrait trouver un nouveau reflet à mettre en valeur. Ces beaux dessins, en images ou en mots, pourraient aider les grandes personnes sur la colline qui devront bientôt prendre une décision… « Dessine-moi un mouton », dessine-moi la terre, dessine- moi la Terre des Soeurs de la Charité.

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