Assemblée publique contre le troisième lien

Par Marie-Hélène Boucher
Publié le 20 mars 2019
Assemblée publique contre le troisième lien au D’Auteuil sur la rue Saint-Joseph. Photo: Marie-Hélène Boucher.

Le 13 mars dernier s’est tenue à la salle de spectacle Le D’Auteuil une assemblée de Québec solidaire sur les moyens et l’importance de contrer le projet de troisième lien routier entre Québec et Lévis. Plusieurs personnes ont pris la parole.

L’économiste Jean Dubé a mis de l’avant le coût élevé que la société devrait assumer si ce projet voyait le jour. Il a souligné que selon de récentes études sur le trafic, l’ajout de voies routières supplémentaires n’est pas la solution à la congestion urbaine : cela aurait même plutôt pour conséquence de l’augmenter, la mesure devenant inefficace après quelques années.Selon lui, pour régler les problèmes de congestion, il faudrait offrir une alternative à l’auto plus efficace, comme un réseau de transport en commun réellement plus développé. La députée de Taschereau, Catherine Dorion, a rappelé qu’une auto peut permettre le transport de 2400 personnes par heure, alors que l’autobus peut contenir jusqu’à 9000 individus.

Un danger pour le patrimoine de l’île d’Orléans

Esther Charron, ancienne conseillère municipale et citoyenne, a affirmé que le projet de troisième lien est un danger pour l’île d’Orléans, joyau du patrimoine. Elle a fait valoir sa riche histoire ainsi que l’inspiration qu’elle a été pour de nombreux artistes. Elle a par ailleurs mis en lumière le fait que ce projet pourrait entraîner la perte de terres agricoles et la production locale qui en découle. L’Union des producteurs agricoles (UPA) ainsi que le conseil régional de l’environnement (CRE) de la Capitale- Nationale partagent également cette position. Selon ces organismes, il serait aberrant de construire un troisième lien qui passerait par l’île d’Orléans. Cela s’explique par le fait qu’il amènerait davantage d’étalement urbain et de spéculation sur des terres parmi les plus fertiles au Québec, ce qui pourrait entraîner le dézonage de certaines d’entre elles, qui perdraient alors leur vocation agricole.

Repenser la ville en brisant les stéréotypes

L’auteur Simon-Pierre Beaudet a souligné l’importance de dénoncer le conservatisme propagé par de nombreuses radios de Québec qui rejettent certaines idées et façons de vivre. Certains animateurs dénigrent notamment les gens qui utilisent les transports en commun ou qui se déplacent à vélo. Il affirme que le projet de troisième lien est néfaste pour le tissu social, car il favorise l’étalement urbain et l’isolement des individus.

Les méthodes de lutte de Québec solidaire

Finalement, le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti, a présenté diverses méthodes possibles pour lutter contre le projet de troisième lien. Il a invité les gens à signer la pétition contre le projet sur le site Internet de Québec solidaire et à la faire circuler dans les circonscriptions de Jean-Talon, Taschereau et Jean-Lesage. Il a aussi annoncé une journée de porte à porte le 14 avril prochain pour inviter la population de l’île d’Orléans à l’assemblée de Québec solidaire contre le projet de troisième lien.

Pour les entreprises et les spéculateurs

« À qui sert véritablement le troisième lien s’il ne permet pas réellement une diminution du trafic ? » a demandé un citoyen lors de l’assemblée. Ce projet servirait davantage les intérêts des entreprises et des spéculateurs que de la population. Comme le soulignent de nombreux organismes environnementaux comme Accès transports viables, l’emplacement prévu pour le troisième lien est particulièrement douteux. Il se situerait dans un endroit peu emprunté par les automobilistes. Selon la récente étude origine/destination du Ministère des Transports, la majorité du trafic routier se situe à l’ouest des ponts, et non à l’est de ceux-ci, dans une région peu peuplée comme l’île d’Orléans. Il est permis d’espérer que de plus en plus de gens vont constater que le projet de troisième lien ne tient pas la route, d’autant que les opposants à ce projet ne comptent pas abandonner la lutte.

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