La longue marche pour le droit au logement

par Lynda Forgues
Publié le 30 septembre 2018
Des centaines de personnes qui ont marché à tour de rôle d’Ottawa à Québec, 13 ont fait tout le périple, dont Marie-Christine Gagnon au micro. Photo Réal Michaud

Le samedi matin 29 septembre, c’était le dernier réveil dans une salle communautaire, un dortoir improvisé, pour plusieurs des personnes qui avaient marché nombre des 560 km depuis Ottawa.

Le but était presque atteint :  aller porter le message jusqu’à l’Assemblée nationale, sous l’escorte des plusieurs centaines de personnes venues de tous les coins du Québec réunies sur les Plaines pour les accueillir. Il restait la dernière marche militante de Cap-Rouge jusqu’au Musée national des beaux-arts du Québec pour une pause du dîner bien méritée.

Selon le FRAPRU (Front d’action populaire en réaménagement urbain), «si on compte toutes celles qui se sont jointes aux 200 marcheurs et marcheuses, à un moment ou à un autre, que ce soit à Ottawa, Gatineau, Laval, Montréal, Châteauguay, Longueuil, Sorel-Tracy, Berthierville ou Trois-Rivières, pas moins d’un millier de personnes aura pris part à cette grande marche.»

J’ai parlé avec plusieurs marcheurs et marcheuses au cours de la matinée, pour échanger sur leur expérience, et leurs implications. L’un d’eux faisait remarquer le grand appui reçu tout au cours de leur périple, sauf de très rares exceptions. Même une église leur a ouvert ses portes pour l’hébergement d’un soir. L’accueil des communautés, des municipalités, des organismes, était chaleureux, car le FRAPRU  répondait à un besoin criant et trop souvent ignoré.

Pas d’engagement de la CAQ

Ignoré… surtout en pleine campagne électorale. Selon Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU  «les principaux partis politiques aspirant à gouverner le Québec ont des engagements nettement insuffisants. Le regroupement pour le droit au logement est particulièrement insatisfait de la réponse reçue de la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui ne s’engage pas à en financer de nouveaux durant son mandat.»

Non seulement il manque cruellement de logements sociaux à l’heure actuelle, mais ceux existants, bâtis parfois il y a plusieurs décennies, vont finir par avoir besoin de rénovations sérieuses ou devront être détruits, comme on a pu voir à Gatineau, après le passage de la tornade. Or, comme plan d’urbanisme, on construit plutôt des condos, encore des condos, comme au coin des rues Caron et St-Vallier Est, avec un parc privé en prime.

J’ai aussi rencontré des personnes du groupe Ex æquo (un organisme de Montréal voué à la promotion des droits des gens ayant une déficience motrice) qui a rejoint le contingent de départ à la rue des Mélèzes, à Sainte-Foy, pour rouler avec nous; même si la manifestation a marché sur les trottoirs la plupart du temps, ça a causé quelque impatience chez certains automobilistes de Québec, tandis que d’autres klaxonnaient en signe d’appui.

Au CHSLD à défaut de logement adapté

Ex aequo milite pour du logement social sinon accessible, du moins adaptable, rappelant que nombre de jeunes personnes ayant des limitations fonctionnelles se retrouvent forcément en CHSLD faute de trouver un logement adapté. Les listes d’attente pour cette clientèle sont actuellement de plusieurs années. On comprend bien que le CHSLD n’est pas un milieu de vie enrichissant, ce n’est pas un logement; non seulement ça prend la place des personnes âgées, mais les coûts sont aussi socialement plus élevés.

Il a fallu du courage et de la détermination à toutes ces personnes pour marcher 28 jours, sous des orages, de grandes chaleurs, malgré la fatigue, et je les salue. Je n’ai marché que ces quelques heures du 29 septembre avec elles, en appui. (Je n’ai pas pu aller jusqu’à la fin, car en tant qu’arrêtée du G7, les conditions qui m’ont été imposées contre ma libération comportent un quadrilatère qui m’est interdit…)

Les femmes et les hommes qui seront élus au gouvernement le 1er octobre, au pouvoir ou dans les divers partis d’opposition, devraient prendre exemple sur ces personnes qui ont marché et roulé pour se faire entendre, et devraient faire preuve de volonté politique afin de mettre un terme aux problèmes de logements que nous vivons. Parce que nous en avons les moyens.

***

Si le gouvernement élu est minoritaire, petit conseil politique, avant de nous  lancer collectivement dans une élection précipitée qui coutera cher avant 4 ans, pourquoi ne pas investir ce 95 millions de dollars dans le logement social ? Ce serait un plus pour la santé sociale du Québec.

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