Équiterre persiste et signe, malgré l’avis du DGEQ

Par Nathalie Côté
Publié le 20 septembre 2018
Formulaire publié sur le site d’Équiterre.

En juin dernier, une coalition de groupes environnementaux a demandé aux quatre partis se présentant aux élections de répondre à une série de questions présentées sous forme de tableaux. Voici deux extraits éclairant les différentes positions des principaux partis, la  CAQ (Coalition avenir Québec), le PLQ (Parti libéral du Québec), le PQ (Parti québécois) et QS (Québec solidaire).

À la question 2 : Éliminer les subventions aux combustibles fossiles, la  CAQ  a répondu «non», le PLQ a répondu «en partie» et le PQ et QS ont répondu «oui».

À la Question 8 : Adopter un moratoire sur le dézonage des terres agricoles, le PLQ et la CAQ ont répondu «non», le PQ «en partie» et QS : «oui».

Après avoir publié sur son site les réponses aux vingt-trois questions à choix multiples, suivies de quelques questions à développement, Équiterre  a reçu un avis du Directeur Général des Élections du Québec (DGEQ) le 14 septembre, lui demandant de retirer le formulaire de son site.

Équiterre refuse de priver les citoyens de cette information publique qui les aidera à faire un choix éclairé le 1er octobre. Combien de temps l’organisation pense-t-elle maintenir la publication du document sur son site, malgré l’avis du DGEQ qui en demande le retrait?

Sidney Ribaux, directeur général et cofondateur d’Équiterre : «Nous maintiendrons le document sur notre site, malgré l’avis du DGEQ. Nous avons organisé une conférence de presse ce matin (mercredi) avec la Fondation David Suzuki et Greenpeace pour dénoncer l’avis du DGEQ et annoncer que nous maintiendrons en ligne notre publication avec les réponses des partis politiques sur l’environnement. Les autres groupes de la coalition derrière le questionnaire (onze au total*) sont solidaires avec notre démarche».

Équiterre défend le maintien de son questionnaire sur son site et compte se défendre en cour si cela est nécessaire. Sydney Ribaux explique : « Nous avons l’intention de demander publiquement l’application que l’article 402 de la Loi électorale soit balisée par une interprétation claire et qui permet aux citoyens et aux organismes de relayer, de manière non-partisane et équitable, une information fiable et essentielle au processus démocratique. Nous sommes prêts à nous rendre devant les tribunaux pour faire respecter notre droit à la liberté d’expression».

On pourrait penser que cet avis du DGEQ est politique, dans la mesure où il montre clairement les positions, sans grandes envergures, du Parti libéral et de la CAQ sur les questions environnementales. Le directeur d’Équiterre précise :« Les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale se sont prêtés à l’exercice volontairement. Ces propositions ont été transmises en avril dernier par voie de formulaire aux quatre formations et leurs réponses ont été diffusées publiquement le 11 septembre dernier, de manière intégrale et non partisane.»

Une amende jusqu’à 50 000 $

Cette polémique participe, paradoxalement, à faire connaître encore plus l’étude d’Équiterre, mais en même temps, elle expose l’organisme à des représailles: «Nous faisons face à une amende pouvant aller de 10 000 à 50 000$», précise le directeur d’Équiterre.

Les autres organisations qui publient le document s’exposent-elles aussi à des avis du DGEQ? «Selon le DGEQ, le document et l’utilisation du site web impliquent un coût qu’ils considèrent une dépense électorale. Le document est hébergé sur le site web d’Équiterre, mais d’autres organisations présentaient le lien sur le site également. Le «syndicat» Équiterre est visé par la présente poursuite».

Une contribution nécessaire au débat public

Les organisations ont interpellé en conférence de presse les quatre partis, les incitant à réagir à cette tentative de museler les groupes de défense de l’environnement et d’évincer cet enjeu crucial du débat. «Quel principe peut justifier que les citoyens québécois ne puissent avoir accès à cette information essentielle dans le cadre d’élections libres? », s’est insurgé Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada.

Karel Mayrand, directeur général pour le Québec et l’Atlantique de la Fondation David Suzuki, rappelle que l’environnement est «l’une des quatre grandes priorités des électeurs québécois. C’est encore plus le cas avec les 89 décès constatés cet été en raison de la canicule. Alors que les vagues de chaleur se succèdent et que le Québec, comme le reste du monde, est touché de plein fouet par les effets du réchauffement climatique, l’environnement doit plus que jamais être un enjeu au cœur de la campagne électorale».

* Les organisations qui appuient cette action d’Équiterre:
Fondation David Suzuki
Greenpeace Canada
Nature Québec
RNCREQ (Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec)
RVHQ (Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec)
SNAP Québec  (Société pour la nature et les parcs Québec)
Trajectoire
Vélo Québec
Vivre en ville
WWF – Canada (World Wildlife Fund Canada)

 

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