L'oeuvre d'Henry David Thoreau, toujours d'actualité?

Publié le 13 mars 2015

486px-henry_david_thoreau1353864663277Par Jean Cloutier en collaboration avec Denis Lavalou

 

David Henry Thoreau (1817-1862) est un philosophe et essayiste nord-américain d’origine française. Diplômé de Harvard en 1837, il attachait peu d’importance à sa scolarité quand bien même elle lui avait permis d’accumuler un immense savoir. Après ses études, il a très brièvement enseigné dans une école publique, mais, refusant de donner des châtiments corporels aux élèves, il a cessé d’enseigner trois semaines plus tard et a fondé avec son frère aîné John, la première école privée alternative en Amérique du Nord. Philosophe transcendentaliste héritier des Lumières, orateur peu à l’aise mais très écouté, réputé et jugé drôle par sa franchise et sa spontanéité, considéré comme un sage par son entourage et les intellectuels de son temps, marcheur parmi les marcheurs, il aussi a été un grand naturaliste. Après les Amérindiens, dont il a longuement étudié l’histoire, les moeurs et la sagesse, c’est le plus grand explorateur de nos forêts nord-américaines.

C’est Emerson qui lui a cédé ce petit bout de boisé au bord du lac Walden où le jeune Thoreau — il a alors 28 ans — a construit avec l’aide de ses amis la cabane qui va lui servir de domicile pendant deux ans, deux mois et deux jours.

La simplicité volontaire avant la lettre ?

Arpenteur-géomètre de profession, il vivra dans la simplicité volontaire toute sa vie, chez les uns ou les autres. Son oeuvre la plus classique et recommandable comme critique averti du monde occidental et premier penseur écologiste est sans aucun doute Walden ou la vie dans les bois, qui ne sera publiée qu’en 1854, longtemps après qu’il ait quitté sa cabane. Son récit offre à tous ses réflexions sur une vie simple et en harmonie avec les rythmes de la nature, loin des tentations de la société consommatrice, et très critique à l’égard de la politique américaine.

La désobéissance civile

Sa première « sortie » politique, une conférence datant de 1849 titrée Résistance au gouvernement civil et devenu ensuite l’essai La Désobéissance civile, fait état du principe de résistance passive et non violente qui sera repris par tous les grands pacifistes du XIXe et du XXe siècle — Léon Tolstoï, Mohandas Karamchand Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela.

Refusant de payer des impôts à un gouvernement qui reconnaît l’esclavage dans sa Constitution et fait une guerre colonialiste et expansionniste au Mexique, il est arrêté et passe une nuit en prison avant d’être libéré contre son gré… par un proche parent qui a payé sa dette à son insu ! Son activisme politique ne s’arrête pas là. Il entreprend, accompagné par le transcendentaliste William Ellery Channing, en train de Boston jusqu’à Montréal, en bateau et à pied ensuite, le voyage jusqu’à Québec et et la Côte-de-Beaupré en 1850. « La seule obligation qui m’incombe est de faire en tout temps ce que j’estime juste » expliquait-il.

David Henry Thoreau au Québec

C’est ainsi qu’il va publier, Un Yankee au Canada (1866), un récit de voyage faussement touristique, surtout naturaliste et politique. Dans sa marche partant du Vieux-Québec jusqu’aux aux chutes Sainte-Anne, dormant à mi-chemin chez l’habitant au banc des quêteux, Thoreau décrit les Canadiens-français comme des Français d’origine vivant tels des colons ancestraux pratiquant des méthodes de travail des champs dépassées dans le monde industrialisé des jeunes États-Unis d’Amérique, vilipendant les manières d’il y a 300 ans où l’on vit à un rythme de vie dépassé, jugé arriéré pour l’époque.

Peu flatteur pour les fondateurs de la nation québécoise, il a encore moins de considération pour les soldats britanniques aux apparats risibles et constate que les rues des villes, Montréal comme Québec et sa citadelle, sont envahies à la fois de soldats aux couleurs de l’Union Jack et d’ecclésiastiques. Cependant, au passage, et avec des yeux de poète, cette fois, il ne manque pas d’être émerveillé par la beauté de certains noms toponymiques, tel Pointe-aux-Trembles.

Cet ouvrage pro-américain permet de reconnaitre à cet étonnant penseur du XIXe siècle un sens critique acerbe et un don inné de naturaliste très éclairé. Ce conférencier devenu essayiste démontre qu’il est capable de voyager efficacement, et surtout de faire sentir son talent suprême à décrire un lieu sans filtre et en toute honnêteté de pensée.

Plus proche de nous, Pierre Dansereau, fervent admirateur de Thoreau, parlait dans les années 70 de sa « joyeuse austérité ». « Jouis de la terre, ne la possède pas. » Au chapitre de sa postérité, si Thoreau est bien connu d’est en ouest aux États- Unis, on peut se demander pourquoi son œuvre et sa pensée ne sont pas davantage mises de l’avant. Le Groupe de simplicité volontaire de Québec vous propose une Causerie avec lui : Une lecture de ses œuvres suivie d’un cercle de discussion…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité