Centre Durocher : Jean-Yves Roy contre la démolition

Publié le 7 février 2014
Jean-Yves Roy dans les bureaux de Droit de parole.
Jean-Yves Roy dans les bureaux de Droit de parole.

Après Lise Beaupré et Line Plamondon du comité de sauvegarde du Centre Durocher, de plus en plus de personnes prennent la parole pour dénoncer la démolition du centre. Jean-Yves Roy, candidat de Démocratie-Québec dans la Cité-Limoilou, est une des premières personnalités publiques à se manifester. Rencontre avec un citoyen de Saint-Roch engagé.

Par Nathalie Côté

Q- Pourquoi êtes-vous contre la démolition du Centre Durocher ? Quel est votre attachement à ce lieu ?

R- Dans les années 1950, l’été le dimanche, on partait à pied de chez nous (dans le quartier Saint-Roch), on venait au centre Durocher et on prenait un autobus pour aller au camp de vacances des pères Oblats (à qui appartenait le centre à l’époque1.  C’est mon premier souvenir. Ensuite, au primaire, on venait aux petites vues au Centre assis sur des chaises en métal. Il pouvait y avoir 400 enfants le samedi ou le dimanche après-midi pour aller voir un film. Dans les années 1960, je suis venu entendre un syndicaliste au centre, peut-être Pierre Bourgault. Quand Lise Beaupré dit : ce centre-là, c’est l’âme du quartier, pour beaucoup de personnes c’est l’âme du quartier. Je me souviens du centre à différentes époques de ma vie. Il y a des gens qui venaient jouer aux quilles au centre, de partout de Québec. Les gens aimaient l’ambiance. C’est un lieu public.

Q- On a l’impression tout de même que le centre est moins occupé, quoique les organismes communautaires louent souvent des salles pour des assemblées, des fêtes et que des équipes jouent encore aux quilles. Pourquoi en être arrivé la ?

R- Je vous donne mon point de vue de citoyen. Quand ils ont voulu fermer la patinoire, sur la rivière Saint-Charles, ils se sont mis à mal l’entretenir, elle était mal déneigée. Les gens se sont mis à moins y aller, c’était dangereux, etc. Derrière la fermeture du centre Durocher, il y a des choix économiques et politiques. Parfois, on peut penser que pour l’administration municipale actuelle, il est plus important de sauver de l’argent que l’offrir des services de proximité. Il n’y aurait pas de Centre Durocher et les gens vivraient pareil. Mais, il y en a un et cela fait longtemps qu’il est là et les gens ont développé une affinité, une adhésion. Je pense que la corporation administratrice du centre est déconnectée de la population qui, dans le fond, est le vrai propriétaire du centre. Ce ne sont pas les administrateurs qui sont propriétaires ; il appartient aux membres. Idéalement, chaque personne qui utilise le centre devrait être consultée sur son avenir.

Q- Ce sentiment d’appartenance est étonnant dans le quartier. Et la création du Comité de survie et les 700 signatures contre la fermeture, en témoigne.

R- On pourrait être quinze à l’Hôtel de Ville quand le comité de survie va déposer la pétition. Je serais prêt à y aller et à participer au dépôt d’une pétition de 2 000 noms avec une demande que la décision soit révisée et que l’ensemble de la population du quartier soit consulté. Maintenant, on nous dit que la population va être consultée sur le nouveau projet. Je ne veux pas être consulté sur le projet, je ne veux pas que le Centre Durocher soit démoli. Mais si le Centre Durocher est démoli, il faudrait qu’on reconstruise sur place un autre centre communautaire!

Q- Est-ce que c’est possible de faire changer d’idée la Ville, la corporation : tous les décideurs ? Que répondre à Chantal Gilbert, qui représente les gens du quartier au conseil municipal, quand elle dit : vous devez faire votre deuil ?

R- Ce que les gens veulent, ce n’est pas la bâtisse. Ce qu’ils veulent c’est un lieu communautaire. On cherche une bibliothèque locale dans Saint-Sauveur, on devrait peutêtre la mettre là.

Q- Qu’est-ce que le parti Démocratie- Québec pense de l’avenir du Centre Durocher ?

R- L’engagement qu’on avait (pendant la campagne électorale), c’était de revitaliser les artères commerciales, Saint-Vallier et Saint- Joseph, mais aussi de favoriser le développement des services de proximité. Moi j’avais deux enjeux qui me tenaient à cœur. Le centre récréatif Saint-Roch (qui sera finalement rénové) et le Centre Durocher.

Q- Pensez-vous que la parole des citoyens depuis l’arrivée de Labeaume est moins prise en compte qu’avant ?

R- C’est toujours difficile. C’est le cliché des comités de citoyens identifiés comme étant chialeux. C’est qu’on se préoccupe des problèmes. Les citoyens s’occupent de ce qui est manquant, ce qui devrait être amélioré, être développé. C’est toujours conflictuel, peu importe qui est au pouvoir. En fait, que la Ville doive investir 25 millions pour le Centre Durocher, c’est pas si dramatique que ça. Comme le dit Lise Beaupré, on ferme un service de proximité et on investit 200 millions pour une patinoire pour des millionnaires. Je pense que si les quartiers sont dynamiques, si les quartiers sont prospères si les gens sont heureux, à l’échelle de la ville, la ville va être prospère et heureuse. Tu ne peux pas avoir une ville fière sous prétexte que tu construis un éléphant blanc pour une équipe de hockey que t’aura peut-être jamais. Moi ça ne me rend pas fier.

1- Les Oblats ont cédé le centre à un organisme à but non lucratif en 1979.

Commentaires

  1. 4 Avril 2014

    Une ville patrimoniale

    Québec est une ville patrimoniale qui est digne d’intérêt pour son patrimoine architectural, historique et culturel. Ses dirigeants devraient tout faire pour que son patrimoine se perpétue et sois mis en valeur.

    C’est plutôt l’inverse qui se produit car son patrimoine est soumis au pique des démolisseurs. Après avoir procédé à la démolition du couvent des dominicains afin d’agrandir le musée des beaux-arts, d’avoir détruit ce qui restait du patro et de la façade de l’ancienne église St-Vincent-de-Paul pour construire on ne sait quoi la ville procédera à la démolition du centre Durocher.

    Le centre communautaire Durocher, qui trône au cœur du quartier Saint-Sauveur depuis une soixantaine d’années, sera démoli et le déménagement des dernières activités aura lieu dans quelques semaines. L’organisme sans but lucratif qui gère le centre a essayé d’obtenir les fonds nécessaires afin de rénover l’édifice construit par les religieux en 1950 mais la Ville ne voulait pas débourser les millions nécessaires et cette facture était trop lourde pour que le Centre Durocher l’assume seul.

    Certains citoyens contestent cette démolition mais comment faire autrement suite aux agissements des dirigeants de la ville?

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