Augmentation des évictions de locataires dénoncée par le BAIL

Par Nathalie Côté
Publié le 19 décembre 2025
Sur la rue Caron dans Saint-Roch à Québec. Photo: BAIL

Une bannière portant l’inscription « Non aux évictions dans nos quartiers » a été installée près du bâtiment où se situait l’ancien bar MacFly sur la rue Caron dans Saint-Roch, là où plusieurs locataires ont été violemment expulsés d’une maison de chambres plus tôt cette année. Des affiches dénonçant les évictions ont également été posées à proximité du bar ainsi que du boulevard Henri-Bourassa, afin de dénoncer la démolition de plusieurs immeubles en face de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Par ces actions, le Bureau d’Animation et d’Information Logement (BAIL) a dénoncé, début décembre, la disparition constante de logements abordables à Québec.

« Malgré l’imposition depuis juin 2024 d’un moratoire sur les évictions à des fins de subdivisions, d’agrandis sements ou de changements d’affectations par le gou vernement du Québec, le nombre d’évictions, légales ou non, ne cesse d’augmenter », dénonce l’organisme de défense des droits des locataires.

« Plusieurs propriétaires utilisent la « reprise de possession » pour expulser des locataires afin de relouer leur logement à un prix plus élevé. Bien que ce soit illégal, cette pratique demeure malheureusement fréquente, et le recours au tribunal pour démontrer la mauvaise foi du propriétaire demeure trop ardu pour de nombreux locataires », constate Félix Marois, orga nisateur communautaire au BAIL.

En 2024-2025, le BAIL a recensé plus de 150 cas d’at teintes aux parcs locatifs (reprises de logements, rénovictions, démolitions, etc.) à Québec. L’organisme observe une explosion des demandes de reprises de logements depuis les dernières années. Cette tendance se confirme également dans les données publiées par le Tribunal administratif du logement (TAL), alors que le nombre d’audiences pour des reprises de logements au Québec est passé de de 1 061 en 2018 à 2025 à 3 126 en 2025. Une augmentation de près de 200 % en six ans Photo : Bureau d’animation et d’information logement (BAIL)

Les logements abordables disparaissent

Les données recueillies par le BAIL démontrent que les propriétaires ciblent les logements moins dispendieux, et ce, tant pour les reprises que pour les rénovictions ou les autres formes d’atteintes au parc locatif : « Les locataires de logements abordables sont particulièrement à risque d’être évincés par leur propriétaire. Les personnes qui nous contactent au sujet d’une éviction paient en moyenne moins de 900 $ pour un 4 ½, soit près de 600 $ de moins que le prix moyen d’un 4 ½ disponible à Québec. », déplore Félix Marois.

Des protections additionnelles réclamées

Le BAIL propose des solutions pour protéger les locataires des évictions. « Ce qui manque de la part du gouvernement, c’est la volonté politique de réellement aider les locataires », observe Félix Marois. Le BAIL réclame des protections supplémentaires pour les locataires : L’interdiction complète des évictions pour subdivisions, agrandissements ou changements d’affectations, un moratoire sur les reprises de loge ment pour tout secteur où le taux d’inoccupation est inférieur à 3 % ; l’instauration d’un contrôle universel des loyers et un investissement massif dans le logement social.

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