Vieux-Québec: une qualité de vie en déclin, selon les résidents

Par Ariane Daoust
Publié le 14 novembre 2025
Rue Saint-Louis. Photo: Ariane Daoust

Le sondage sur la qualité de vie* mené à l’été 2025 par le Comité des citoyens du Vieux-Québec et le Conseil de quartier du Vieux-Québec–Cap-Blanc–Colline parlementaire dresse un constat préoccupant. Sur une période d’un mois et demi, les résidents du Vieux-Québec intra-muros, du Vieux-Port, du Cap-Blanc, du quartier Petit-Champlain et de la Colline parlementaire ont été invités à s’exprimer sur la qualité de vie dans leur milieu. Au total, 902 personnes ont répondu, soit environ 14 % de la population visée.

Un quartier jugé de moins en moins vivable Les témoignages recueillis illustrent un profond ma +laise quant à l’évolution du quartier :

« Les résidents veulent sauver la vie de quartier du Vieux Québec, mais se disent de plus en plus : Que reste-t-il à sauver au fond ? »

« Dans l’état actuel des choses, la vie n’y est pas agréable. On constate que [la] priorité est donnée à satisfaire les automobilistes et à favoriser le tourisme de masse. »

« L’accès intramuros devient un vrai calvaire. » « Le niveau de vie s’est dégradé depuis les 5 à 8 dernières années principalement dû au surtourisme. »

« Pas un endroit pour vivre en famille. »

Plusieurs répondants décrivent une dégradation visible du cadre de vie : « Le quartier est sale, de mauvaises odeurs s’y dégagent souvent, de la musique toujours cacophonique sort d’un haut-parleur à l’autre, des faux artistes crient dans des amplis de piètre qualité qui n’a rien à voir avec la culture ou notre histoire, c’est devenu un parc d’attraction pire que Disney. »

« Le manque des services de proximité et l’hôtellerie illégale, en plus de la perte de notre marché public qui était un lieu ouvert à l’année et une tradition dans notre quartier. »

« Patrouille policière à pied absente, autos et camions dans les espaces interdits sans contrôle toute la journée, bruits de motos et autos de course en fin de soirée, événements qui s’installent en bloquant toutes les issues (personne de responsable), tourisme au-delà des capacités du quartier. En fait, de plus en plus difficile pour les résidents d’y vivre, de circuler, de faire les courses nécessaires, de les ramener à la maison. De plus en plus orienté vers le tourisme et les locations temporaires. »

« J’habite le quartier depuis 34 ans, et le bruit de circulation ne cesse d’augmenter, notamment les voitures modifiées (échappement non réglementaire, modification au moteur pour faire des explosions, comportement des conducteurs de ce type de véhicule, etc.). Je crois que le quartier devrait s’envelopper de plus de quiétude, l’environnement sonore offert aux touristes et résidents est déplorable et laisse une mauvaise image. Il faudrait que les policiers se servent de leurs oreilles pour identifier les délinquants et procéder aux vérifications requises des voitures et s’il y a lieu d’agir avec l’émission d’amendes pour amener ces conducteurs à modifier leurs comportements. »

« Parce que de juin à novembre, le Vieux-Québec se transforme en un genre de Disneyland… trop de touristes. On ne se sent plus chez soi. Il doit certainement y avoir un ratio de 10 touristes pour un résident ! Ce qui fait que ça devient un lieu presque fait pour eux : beaucoup d’affichage en anglais ou bilingue, les chanteurs et artistes de rues le font presque exclusivement en anglais, trop de boutiques de souvenirs et de cossins… Aussi, les motos et leur bruit de moteur sont supposés être interdits… mais y en a plein ! Trop de bus touristiques à la place d’Armes ! »

Des constats partagés par une majorité

Le rapport d’enquête indique que les grandes tendances se répètent dans tous les secteurs étudiés. Les répondants dénoncent les mêmes problèmes : mobilité, pollution sonore, manque de commerces de proximité, surtourisme. Les auteurs du rapport insistent sur le besoin d’une intervention rapide et coordonnée entre les autorités municipales et les organismes citoyens pour freiner la dégradation observée : «… les répondants habitant les quartiers concernés par notre enquête, se montrent très attachés à ceux-ci, mais jugent en majorité que la qualité de vie dans leur milieu est affectée négativement … »

«… une large majorité des citoyens interrogés estime que la situation s’est considérablement détériorée dans plusieurs domaines… »

«… il ressort que la question du bruit et de la pollution sonore occupe une place importante dans l’évaluation faite aujourd’hui par les citoyens de la qualité de vie. »

« [le] Vieux-Québec intra-muros, est le secteur, notons-le, où le niveau d’insatisfaction relatif à la qualité de vie s’avère le plus élevé. »

«… certaines mesures concrètes, peu onéreuses, aisément applicables et susceptibles d’améliorer sensiblement la qualité de vie, demeurent tout à fait envisageables. » Un attachement profond, mais une exaspération croissante Si les résidents demeurent fiers d’habiter un secteur unique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, leur patience atteint ses limites. Les problèmes dénoncés ne sont pas nouveaux, mais leur aggravation alimente un sentiment d’exaspération et d’abandon.

Espérons que les élus entendront les citoyens, tiendront compte des résultats de cette enquête et met- tront en œuvre des mesures concrètes pour redonner au quartier sa qualité de vie. Car comme le résume un participant au sondage : « Nous les résidents depuis plus de 40 ans, nous en avons plus que marre. »

*L’intégralité des résultats de l’enquête se trouve sur le site du Comité des citoyens du Vieux-Québec.

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