Loi 2 sur les soins de santé : une réforme qui creuse les inégalités en Basse-Ville

Par Gilles Couture
Publié le 13 novembre 2025
Le CLSC Basse-Ville sur la rue Saint-Joseph. Photo: archives DDP

Adoptée en octobre 2025, la Loi 2 du ministre de la Santé, Christian Dubé, vise à rationaliser le réseau de la santé par une gestion plus centralisée, une rému- nération à la performance et une numérisation accélérée. Cependant, dans les quartiers défavorisés de la Basse-Ville de Québec, cette réforme suscite de vives inquiétudes. Services de proximité affaiblis La réforme modifie les mécanismes de rémunération médicale pour optimiser les ressources, mais elle s’accompagne de potentielles compressions ciblées.

Le CLSC de la Basse-Ville et les cliniques sans rendez- vous, des services essentiels pour les populations vul- nérables, risquent de voir leurs moyens réduits. Les grands centres hospitaliers sont favorisés, accentuant ainsi les inégalités d’accès aux soins de première ligne. Centralisation et perte d’autonomie La création de l’agence Santé Québec concentre les décisions cliniques et administratives à l’échelle provin- ciale. Cette gouvernance centralisée est mal accueillie par les équipes locales, qui dénoncent une perte d’autonomie et une méconnaissance des réalités du terrain. Les nouveaux critères de performance, souvent peu adaptés aux contextes de pauvreté et de santé mentale, alimentent un climat de méfiance.

Un virage numérique inégalitaire

Le virage numérique, autre pilier de la réforme, vise à moderniser la gestion des soins. Toutefois, la Basse-Ville fait face à un double défi : des infrastructures technologiques insuffisantes et une population partiellement exclue en raison d’un manque de littératie numérique. Les personnes âgées, les personnes sans-abri ou nouvellement arrivées peinent à accéder aux services, creusant davantage la fracture numérique. Un changement de statut aux effets incertains La redéfinition du statut des médecins rémunérés à l’acte comme travailleurs autonomes plutôt que comme salariés de l’État bouleverse l’équilibre budgétaire du réseau.

Si cette mesure vise une plus grande efficacité, elle risque d’aggraver les disparités dans les milieux fragiles, où les défis budgétaires, cliniques et technologiques se conjuguent. Une réforme à double tranchant Présentée comme une modernisation nécessaire, la Loi 2 sur les soins de santé risque d’accentuer les inégalités sociales et territoriales. En misant sur une logique de rationalisation des choix budgétaires et de comptabilité par activité, elle semble négliger les besoins spécifiques des communautés vulnérables. La cohésion sociale et l’équité d’accès aux soins risquent d’en sortir affaiblies.

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