
Quand on vit au Québec, c’est difficile de ne pas aimer l’été. Quel bonheur, en effet, d’abandonner les bottes, les foulards et les manteaux, de manger en terrasse, d’aller à la piscine et de courir sur de l’asphalte bien sec pour attraper son bus!
Or l’été, c’est de moins en moins ce que c’était. Et je ne pense pas forcément au changement climatique, qui contribue à la multiplication des épisodes de canicule, de sécheresse et de feux de forêt. L’été, diantre, c’est quand même fait pour suer!
Détours à gogo
Mais il y a suer et suer. Quand on vit à Québec, il faut se résoudre à l’idée que de l’éclosion des bourgeons jusqu’aux giboulées de novembre, depuis les battures de Beauport jusqu’au pont Pierre-Laporte, la ville devient un chantier. Un infernal festival de détours, de rues bloquées, d’arrêts de bus non desservis qui atteint son paroxysme la veille des vacances de la construction.
Et dire que tout ça a commencé il y a une grosse vingtaine d’années, en prévision du 400e de Québec. Depuis, nos administrations municipales (sous la coupe de Régis Labeaume de 2007 à 2021, ensuite de Bruno Marchand) réparent, rénovent, réaménagent à qui mieux mieux les infrastructures que commandent des tronçons de rue à sens unique, des tronçons piétonniers, le très hypothétique tramway et peut-être même le très ésotérique troisième lien.
Ces travaux de voirie sont soi-disant justifiés par une recherche de fluidité sur les routes, d’efficacité, de sécurité pour les piétons. Alors pleurez.
Reste que, disais-je, les raisons de préférer l’été à l’hiver ne manquent pas. Prenons les grèves dans le transport en commun. Elles s’endurent quand même mieux l’été. Quoique. Cette année en juillet, le personnel syndiqué du RTC ne s’est pas fait beaucoup d’amis. Pas forcément pour cause d’antisyndicalisme. C’est que les solutions de rechange à l’autobus (marche à pied, vélo, taxi) ne sont pas des solutions pour tout le monde, par surcroît en l’absence de services essentiels. Vient donc un temps où, excédée, la clientèle captive maugrée.
Tourner en rond
Mais quand on se compare… Les personnes de 50 ans ou plus se souviennent peut-être qu’en 1979 (en janvier!), les chauffeurs de la Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec (CTCUQ, l’ancêtre du RTC) déclenchaient une grève qui dura presque neuf mois. Alors, ce n’était pas mieux avant.
Avant, disons en 1980 ou 1990, le concept de rue piétonne était moyennement populaire. En 2025, certaines artères (Saint-Jean, Cartier, du Parvis, notamment) avaient un tronçon réservé aux piétons jusqu’après la fête du Travail.
Or la rue piétonne, c’est comme un trottoir, en pire. Dans la pratique, les piétons doivent partager l’espace avec des vélos et des triporteurs supersoniques, des trottinettes électriques, des planches à roulettes, des chiens, des téléphones, voire des scooters. Du gros plaisir, auquel s’ajoutent les perturbations dans les itinéraires des bus.
Et au bout du compte, on se demandera si les rues piétonnes, qui ne facilitent pas l’accès au transport en commun, aident tellement à la qualité de vie des personnes à mobilité réduite, personnes dont le nombre croît continûment en raison du vieillissement de la population.
Pendant ce temps se poursuivent en un mouvement perpétuel des travaux de voirie pour des tronçons piétonniers et des tronçons à sens unique. En ce qui concerne la rue Saint-Vallier, courage et foi : la fin est prévue pour 2026.