« J’aime prendre le traversier. Pour moi, prendre le traversier, c’est magique. Après avoir travaillé, après une journée difficile, dans le traversier, ça t’amène ailleurs… Tu décroches de ta journée ! » Depuis 13 ans, Francine, résidente dans le quartier Bienville à Lévis, prend le traversier cinq jours par semaine pour aller à son travail dans Saint-Roch. Parfois à pied, tantôt à vélo, pour la travailleuse communautaire, comme pour des centaines de travailleurs et travailleuses de la Rive-Sud, c’est le moyen de transport idéal pour traverser le fleuve.
C’est aussi une manière de se connecter avec la nature pour celle qui fait la traversée sur le pont aux grands vents à moins de très mauvais temps : « On a droit à des spectacles. Le phoque dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, ça faisait deux ans qu’on le voyait sur le fleuve. C’était peut-être lui ou un autre, en fait ! Il y a aussi des aigles, des oies, des bernaches, c’est un corridor pour les oiseaux migrateurs. Sur le traversier, on voit le passage des saisons, les montagnes, la lune… »
De plus, c’est plus rapide et plus économique que de faire le tour en voiture, explique-t-elle. « De chez moi jusqu’à Saint-Roch, cela prend une demie-heure, incluant la traversée, la petite marche ou le trajet en vélo. La dernière fois que j’ai fait le détour en voiture par le pont Pierre-Laporte ça m’a pris une heure et demie… » Puisqu’un laisser-passer mensuel coûte 42,75 $ et donne accès aux bus de Lévis et de Québec, ce choix économique s’est imposé. « Pour moi, il n’y a aucun avantage d’aller travailler en auto. Prendre le traversier, c’est une expérience : deux moments de bonheur. »
Aux heures de pointe, le bateau est rempli de piétons, de cyclistes et d’automobilistes, sans compter les tou- ristes. Ils sont plusieurs lévisiens à prendre le bateau au quotidien : « Souvent, on croise les mêmes gens. Tu te salue, tu te mets à jaser… » Que faudrait-il améliorer selon elle pour rendre le traversier encore plus attractif ? Le service est adéquat assure-t-elle : « Le personnel est super sympathique. Il y a de beaux sourires. Mais comment ça se fait que la flotte vieillissante n’est pas remplacée ? Il y aussi des enjeux de recrutement de personnel, comme à bien des endroits, » conclue celle qui fait l’expérience au quotidien du lien le plus ancien entre les deux rives.