Il existe au Québec des programmes pour conserver la pierre et les murs des édifices patrimoniaux. Cette première étape, es sentielle, n’est toutefois pas suffisante. Un soin équivalent devrait, en effet, être mis à la conservation de cette couche culturelle invisible qui recèle les mémoires enfouies dans les lieux marqués par l’histoire populaire — ces mémoires portées par le milieu associatif et communautaire.

Dans toutes les villes à travers le monde, des bâtiments abritent des organismes communautaires ainsi que des associations culturelles et artistiques. À Québec, on peut penser au Centre culturel et envi ronnemental Frédéric Back, à la Coopérative Méduse et à la maison Luc-André-Godbout où est situé le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur. Ce sont des lieux chargés d’histoire où des organismes remplissent leur mission au jour le jour, depuis plusieurs décennies. Ayant survécu à leurs membres fondateurs, ces lieux sont devenus de véritables institutions sociales et culturelles.

Or, si certains bâtiments tiennent toujours debout, les mémoires qui les ont habités demeurent invisibles pour les passant·e·s étrangers à l’histoire des lieux. Les années passent, et si rien n’est fait, l’oubli grandit. Le risque, si l’on ne veille pas sur ces mémoires éparpillées dans la conscience des unes et des autres, est de perdre l’accès à une histoire souterraine de la vie nocturne d’antan, des lieux de ras semblements artistiques, culturels et communautaires.

Qui se souvient encore des soirées de conférences politiques et des concerts dans les locaux actuels de L’ANTI – Bar & spectacle à l’époque, pas si lointaine, où ce lieu se nom mait le Bar-Coop L’AgitéE ? Qui se rappelle que, Le Centre : Hub Créatif, a déjà été un lieu dynamique d’artistes réunis autour du Centre Obscure de Québec ? Et qui, parmi nous, connaît encore l’importance qu’a eue le 570 rue du Roi dans le quartier Saint-Roch, un bâtiment qui a accueilli le premier comité de citoyens des quartiers centraux de Québec ?

Lieu mythique des luttes populaires

Caractérisé comme « un lieu mythique, siège des luttes populaires de différentes époques », « un lieu emblématique du milieu commu nautaire » par l’historien amateur François G. Couillard dans un article de Droit de parole du mois de mai 2014, le 570 rue du Roi est une adresse complètement absente de l’histoire de l’organisation commu nautaire de la ville de Québec. Ce lieu a pourtant accueilli plusieurs organismes marquants : d’abord la clinique d’assistance mater nelle au début des années 1950, puis le Comité de l’aire 10, et, en fin, le Centre communautaire du centre-ville de Québec. Ce dernier a hébergé de nombreux groupes, comme le journal Droit de Parole, Radio Basse-Ville (CKIA), le Groupe de défenses des détenues de Québec (aujourd’hui Alter-justice), le BAIL Québec Métro (Bureau d’Animation et Information Logement du Québec Métropolitain), L’ACEF (Association coopérative d’économie familiale de Québec), ainsi que des membres du parti politique municipal le Rassemblement populaire.

Dans la continuité de 2012 : Mémoire à faire, qui a commémoré le 10e anniversaire du Printemps étudiant québécois, le projet 570 rue du Roi : Mémoires à faire vise à archiver les mémoires vives de ce bâtiment emblématique où se sont dévouées maintes chevilles ouvrières de la vie de la commu nauté, des services sociaux ainsi que de la protection des droits individuels et collectifs. Faisant la focale sur cet édifice, ce projet s’intéresse aux traces que les activités du 570 rue du Roi ont laissées dans la ville de Québec ainsi que sur celles et ceux qui ont animé ce lieu. Est-ce que certain-e s d’entre vous seraient intéressé-e s à témoigner à ce sujet, à partager des documents d’archives liés à ce lieu, comme des photographies ?

Nous recherchons :

– des archives du 570 rue du Roi (ex. : procès-verbal, affiches, bro chures, autocollants, bannières, photos, vidéos, etc.) ;

– des témoignages (écrits ou oraux) ;

– des personnes intéressées à raconter leurs souvenirs par rapport au 570 rue du Roi et aux activités qui s’y tenaient.

Vous pouvez participer au projet Mémoires à faire, en écrivant à l’adresse courriel suivante : sogag94@ulaval.ca, en visitant la page Facebook « Mémoires à faire » ou en composant le 418-446-4446.