Osons la décroissance

Par Ariane Daoust et Louis Marion
Publié le 28 octobre 2021
Photo: Ariane Daoust

Les crises se multiplient. Comment affronter sérieusement ces crises que nous traversons si l’on s’acharne à exalter le modèle économique qui en est la cause ? La croissance économique doit être dépassée. Les signaux sont de plus en plus clairs : ce dogme n’est pas viable sur le long terme et le progrès technique seul ne sauvera pas la planète. Pour en finir avec cette course destructrice à la croissance qui nous mène tout droit à la catastrophe écologique et qui ne fait que perpétuer les inégalités, nous proposons la décroissance.

La décroissance vise à pulvériser l’idéologie dominante de la croissance du PIB, à nous libérer de la domination de l’économie sur la société pour nous émanciper de la logique destructrice et injuste du productivisme et consumérisme. Elle trouve ses origines dans les années 1970 mais au début des années 2000, elle est lancée comme un « mot obus » pour faire contre-pied au concept du développement durable. Le développement durable, en contribuant à l’impossibilité d’une vie digne pour les générations futures, n’est au fond qu’une tentative de légitimer la poursuite de la croissance économique ; de poursuivre le développement tous azimuts de la marchandisation; ou encore, de « polluer moins pour pouvoir polluer plus longtemps ».

« La décroissance signifie de réduire l’impact de nos actions sur la nature (c’est-à-dire de moins détruire et perturber la biosphère), de réduire les injustices sociales (c’est-à-dire de réduire les iniquités de revenu, les échanges écologiquement inégaux) et finalement de réduire l’aliénation de la subjectivité. »* Cela ne peut que passer par la réduction des flux de matières et d’énergie, que passer par une réduction à la source de biens et de services marchandisables pour émettre moins de gaz à effet de serre. C’est la seule solution pour une vie soutenable.

La décroissance est souvent mal comprise. Elle est associée à la régression technique, à la récession économique: bref à un recul de notre niveau de vie. Mais, bien évidemment, il ne s’agit pas d’un retour au passé. La décroissance ne cherche pas qu’à réduire la production et la consommation. Elle cherche plus que tout à « faire croître la qualité de vie, de l’air, de l’eau et d’une foule de choses que la croissance pour la croissance a détruites. »**

L’objectif d’une croissance infinie dans un monde fini n’est pas une idée ou une croyance qu’il suffirait d’abandonner pour sortir de la crise écologique et sociale car la croissance économique n’est pas une cause mais une conséquence du capitalisme. C’est « l’effet de la contrainte à l’accumulation que force la concurrence. »***

Les objecteurs et objectrices de croissance s’opposent à la colonisation de la vie par le capitalisme et osent proposer un autre modèle de société fondée sur, par exemple, la qualité plutôt que sur la quantité, la coopération plutôt que la compétition entre les individus, la gratuité, le partage, la convivialité, l’amour, l’amitié, le commun, le vivre ensemble, le bien-vivre l’altruisme, la solidarité, l’autosuffisance, l’autonomie, la justice sociale et environnementale…

*Louise Marion, À propos de la décroissance.

** Serge Latouche, Qu’est-ce que la décroissance?

 

*** Frédéric Legault, Alain Savard, Arnaud Theurillat-Cloutier. Pour une écologie du 99%. 20 mythes à déboulonner sur le capitalisme, Montréal, Écosociété, 2021, p.71

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