Le tunnel prend l’eau

W. Stuart Edwards
Publié le 21 mai 2021

 

Manif contre le troisième lien à Québec, le 22 octobre 2017. Photo: Nathalie Côté

Les chamailles entre la CAQ et les opposants du troisième lien prennent de plus en plus les allures d’une guerre de tranchées de longue haleine où s’opposent l’idéologie du tout-à-l’auto et la nécessaire transition écologique.

Les politiciens et opposants se mobilisent

Au niveau municipal, Jackie Smith de Transition Québec se dit férocement opposé au troisième lien et Jean Rousseau de Démocratie Québec exprime de sérieuses réserves sur la dimension automobile. Au provincial, les solidaires et péquistes campent fermement du côté des opposants. Au fédéral, seuls les conservateurs appuient ouvertement le projet.

Régis Labeaume a accepté à contrecoeur le package deal comprenant le tramway, des voies réserves sur quelques autoroutes, et le tunnel Québec-Lévis.

Mais la facture reste tellement salée que ça pourrait faire sauter le projet. Plusieurs groupes environnementaux et communautaires se mobilisent. La population a d’autres besoins criants et un tel gaspillage de fonds publics est choquant. Le logement, l’éducation et la santé doivent avoir la priorité. S’enfoncer encore plus dans la logique du tout-à-l’auto, ça ne tient pas la route.

Le fédéral prend ses distances

Malgré une annonce en grande pompe, François Legault a refusé d’assumer la totalité des coûts. Il espère refiler un certain pourcentage à Ottawa. Mais depuis quand le fédéral est-il obligé de financer une promesse électorale de la CAQ pour plaire à l’auto-droite et aux radios poubelles ? Peu importe le nombre d’élus de la CAQ dans la grande région de Québec, au bout du compte il est impossible de justifier six ou sept milliard $ pour à peine quelques milliers d’utilisateurs. Le gaspillage est trop évident.

Réalité alternative ou science probante ?

Catherine Dorion a été critiquée pour sa métaphore de ligne de coke, mais la CAQ s’accroche tellement à ses hallucinations mégalomanes que ça commence à ressembler étrangement à une dépendance malsaine. On ne peut pas vivre éternellement dans un vingtième siècle révolu.

En 2021 la science nous informe sur les coûts réels de l’automobile et les technologies alternatives se multiplient. Aujourd’hui, mettre une autoroute dans un tunnel sous un fleuve n’a aucun sens.

Si la CAQ avait une étude sérieuse à présenter, le ministre Bonnardel l’aurait fait. En refusant obstinément de répondre aux questions les plus élémentaires sur le nombre de déplacements et les gaz à effet de serre, il donne aux adversaires tout ce qu’il faut pour lutter efficacement contre sa folie.

Le flou entourant les voies d’accès dans Saint-Roch met encore plus d’huile sur le feu. Les résidents sont tannés de voir leur milieu saccagé pour faire place à d’innombrables autos.

Où est le BAPE ? La CAQ promet des études et M. Bonnardel s’engage à ajuster le projet en fonction des résultats, tout en affirmant que le BAPE n’est qu’un facteur parmi d’autres. Cependant, le BAPE va donner aux opposants un important forum pour faire connaitre leurs arguments.

La guerre ne fait que commencer. D’ici 2027, date prévue pour le début de la construction, il y aura des élections municipales, provinciales et fédérales. À tous ces niveaux le troisième lien va devenir l’exemple par excellence de ce qu’il faut ne pas faire si on veut lutter contre l’étalement urbain et les changements climatiques.

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