Hausses des tarifs reportées à 2021, allons encore plus loin dans la solidarité

Par le Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec  (TRAAQ)
Publié le 8 mai 2020

Chers concitoyennes et concitoyens de la ville de Québec, nous nous adressons à vous aujourd’hui en tant que personnes à faible revenu utilisatrices du transport en commun (RTC) et du transport adapté (STAC).

Nous sommes des citoyennes et citoyens, travailleuses et travailleurs, chômeuses et chômeurs, prestataires d’aide sociale. Tout d’abord, nous tenons sincèrement à remercier le Conseil d’administration du RTC pour le geste qu’il vient de poser en décidant de maintenir les tarifs actuels jusqu’au 1er juillet 2021.

Néanmoins, nous pensons qu’en tant que collectivité, dans la continuité de cet élan de solidarité, il est nécessaire d’aller plus loin. Avec l’appauvrissement et la grande précarisation que nous vivons, avec un taux de chômage qui a atteint le sommet historique de 17% en avril dernier au Québec, plusieurs de celles et ceux qui arrivaient de peine et de misère à se payer un laissez-passer mensuel ou des billets ne le pourront plus, et ce, malgré le maintien annoncé des tarifs de notre société de transport.

Ainsi, l’accès limité à l’autobus que vivaient déjà plusieurs d’entre se restreindra davantage, et par le fait même, notre isolement et notre exclusion sociale s’accroîtront. Avant la crise, nous, les personnes à faible revenu, étions déjà plusieurs dizaines de milliers dans notre belle ville. À présent, le nombre de personnes ayant des difficultés financières augmente massivement.

C’est avec un mélange de crainte et d’espoir que nous envisageons la sortie de crise et ses impacts sur ce service public essentiel. Alors que du fait même de notre situation de faible revenu, nous sommes celles et ceux qui dépendons le plus du transport en commun pour nos déplacements, plusieurs d’entre nous, même en période de pandémie, n’avons pas le luxe de choisir d’utiliser un autre moyen de transport.

Nous avons subi des mises à pieds temporaires, des pertes d’emploi permanentes et/ou des baisses de revenu importantes. Parmi celles et ceux qui demeurent en emploi, plusieurs, et particulièrement les femmes, sont au front comme commis d’épicerie, préposé.e.s aux bénéficiaires, préposé.e.s à l’entretien ménager, travailleuses et travailleurs dans le commerce au détail, aides à domicile, agents de sécurité, buandières ou cuisiniers d’établissement.

Aussi, actuellement, nombre de chômeuses, chômeurs et prestataires d’aide sociale s’impliquent dans des ressources communautaires telles les banques alimentaires. Bien que notre participation à la vie collective de la communauté soit plus que jamais fondamentale, notre manque d’accès à un moyen de déplacement abordable s’avère un obstacle grandissant. Même s’il faut reconnaître que ne pas hausser les tarifs est un pas dans la bonne direction, force est de constater que notre droit à la mobilité n’est pas suffisamment reconnu!

tarification sociale basée sur le revenu

C’est non seulement injuste pour nous parce que cela empêche l’accès équitable aux soins de santé, à l’éducation, aux ressources communautaires et à l’emploi, mais c’est aussi une perte pour toute la communauté.

En reconnaissance de ce droit, nous réclamons l’implantation d’une tarification sociale basée sur le revenu comme cela a été déjà fait dans plusieurs villes au Québec et au Canada, notamment à Calgary et Gatineau. Nous croyons qu’implanter un tel système ne peut qu’être gagnant pour notre ville.

Faciliter notre accès au transport en commun, alors que nous sommes un nombre croissant, aidera considérablement à la reprise de l’achalandage dans le Réseau de transport de la Capitale (RTC) à court terme, puis à son augmentation à moyen terme. En fait, grâce à la tarification sociale, celles et ceux d’entre nous qui sont déjà nombreux à être des utilisatrices et utilisateurs assidus le seront encore plus. Pour ce qui est des autres, les personnes exclues à cause des tarifs inabordables, ils auront désormais ce qui leur manquait pour pouvoir embarquer! Cette mesure garante d’équité et de solidarité ne fera pas que répondre à nos besoins. Faciliter l’accès au travail, aux épiceries, aux soins de santé aux ressources communautaires ne peut que dynamiser une communauté. Saisissons cette opportunité!

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