Une manifestation virtuelle et interactive pour le 1er mai

Par Sophie Lavoie
Publié le 30 avril 2020

Si traditionnellement le 1er mai est célébré dans la rue, cette année, les manifestations ne seront pas possibles pour faire entendre nos droits. Cependant, le REPAC a mis en place une carte interactive à laquelle il est possible d’ajouter son nom pour signifier qu’un retour à la normale n’est pas possible. Les droits des travailleurs et des travailleuses doivent être considérés dans la crise que nous traversons.

Un peu d’histoire

Les années 1907 et 1908 sont caractérisées par des manifestations de travailleurs canadiens initiées par des partis socialistes. La première ville à ouvrir le bal est Montréal. Si la première année se déroule dans le calme et l’ordre, l’année suivante donne lieu à de sévères répressions policières. Les autorités n’hésitent pas à user de la violence afin de disperser la foule réunie au Champ-de-Mars, qui revendique à l’époque la journée de 8 heures.

Les évènements historiques qui suivent, soit les Guerres Mondiales et la Guerre Froide, n’offrent pas un climat politique et social favorable à de nouveaux soulèvements populaires. Cependant, au Québec, la montée en flèche du mouvement syndicaliste et de l’État social-démocrate donne lieu à de grands défilés dans les années 70 que connaîtront aussi les villes de Winnipeg et Vancouver, mais ils ne seront jamais aussi intenses que dans le Québec de la Révolution tranquille.

La lutte d’aujourd’hui

À partir du 1er mai, le salaire minimum passera de 12,50$ à 13,10$ l’heure. Une hausse qui représentera maintenant la moitié du salaire moyen au Québec. Plus de la moitié des personnes qui profiteront de cette hausse sont des femmes. Sur sa page web, la Fédération des Travailleurs du Québec (FTQ) insiste pour démystifier les préjugés largement répandus autour du salaire minimum. Si plusieurs soutiennent qu’une majorité des travailleurs et des travailleuses au salaire minimum sont des étudiants qui de toute façon seront bientôt diplômés, les chiffres nous disent plutôt que 50% des travailleurs  et des travailleuses au salaire minimum ne sont pas aux études, ont 25 ans et plus et ont déjà un diplôme d’études post-secondaire.

On apprend aussi sur le site de la FTQ que plusieurs villes nord-américaines qui ont augmenté le salaire minimum ont connu des retombées économiques extrêmement fortes et positives, contrairement au scénario catastrophe que certains annonçaient. En effet, comme les travailleurs augmentent leur pouvoir d’achat, l’économie locale en sort gagnante la première.

L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) a publié une série d’articles et de recherches scientifiques qui démontrent les bienfaits économiques de l’augmentation du salaire minimum.  L’augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure aurait des retombées économiques directes dans la société québécoise de 2 à 3 milliards de dollars L’IRIS utilise aussi le terme salaire viable, soit le salaire minimum qu’il faut pour couvrir tous les besoins relatifs à la mesure du panier de consommation (MPC). Selon eux, le 13,10$ n’est pas suffisant pour couvrir tous les besoins d’une personne et ne fait que garder des milliers d’individus sous le seuil de la pauvreté. Depuis plusieurs décennies, l’écart entre le seuil viable et le salaire se creuse toujours plus, laissant des milliers de personnes dans la pauvreté.

De son côté, le Collectif pour un Québec sans pauvreté rappelle que les premières personnes à subir les conséquences de ces graves inégalités sont les femmes. De plus, cet écart salarial a une incidence sur l’espérance de vie des Canadiens et des Canadiennes et sur le phénomène de l’itinérance. Le collectif propose un plan pour le Québec afin qu’il se libère de la pauvreté. Plusieurs pistes de solutions sont à considérer, comme renforcer le filet de sécurité sociale ou penser à l’instauration du revenu minimum garanti.Mais la première chose à faire serait d’instaurer le salaire minimum à 15$ l’heure et de lutter contre les préjugés qui jouent en sa défaveur.

La mobilisation de la société civile et le tapage médiatique s’est essoufflé depuis quelques années. Si en temps de campagne électorale, l’enjeu revient à l’ordre du jour, il doit l’être constamment et faire partie de nos projets de société jusqu’à ce que toutes les Québécoises et Québécois puissent se sortir de la pauvreté et vivre dignement.

Pour signer la carte interactive.

Pour aller plus loin :

https://iris-recherche.qc.ca/

https://www.minimum15.quebec/

http://www.pauvrete.qc.ca/

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