Utopies urbaines

Par Nathalie Côté
Publié le 17 février 2020
Projet proposé par le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste sur l’actuel site de l’ilot Saint-Vincent-de-Paul. Dessin (détail) Marc Boutin.

Le travail de critique urbanistique de Marc Boutin donne forme aux projets portés par les groupes citoyens comme aux plus audacieux projets de la ville idéale. Depuis l’exposition rétrospective présentée au Lieu à l’hiver 2018, son travail est exposé régulièrement. Il est à nouveau possible d’apprécier son coup de crayon à la librairie Saint-Jean-Baptiste, un des lieux de la culture alternative par excellence du quartier.

On peut revoir des dessins publiés dans les pages de Droit de parole, et plusieurs œuvres plus intimistes, des pastels secs, des scènes de Charlevoix, et des scènes de Saint-Jean-Baptiste, ou encore l’église Saint-Coeur-de-Marie récemment démolie. Essentiellement des pièces déjà présentées, mais qui permettent au géographe de faire connaître un peu plus son travail dans son quartier d’élection.

Un dessin récent, réalisé pour le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste en avril 2019, propose une vision ambitieuse du développement de l’îlot Saint-Vincent-de-Paul dont le destin n’est pas encore joué. Depuis la démolition de la façade de l’église en 2011, ce terrain, au cœur de la ville, est toujours laissé en friche. Les citoyens proposent d’y construire du logement social et de lier la Haute-Ville et la Basse-Ville par une montée mécanique pour cyclistes et piétons, afin d’en faire une extension du quartier.

Ce dessin nous apparait une des pièces maitresses de l’ensemble parce qu’il participe à un débat toujours en cours. Mais cela, on pourrait le dire tout autant du dessin représentant les terres des Sœurs de la Charité, abondamment reproduit dans nos pages. Un dessin qui témoigne de la vastitude et de la proximité de ces terres agricoles. Le projet le plus utopique de Marc Boutin demeure la maquette de la Citadelle de Québec transformée en quartier habitable sans voiture, où les piétons et les chevaux seraient rois. Le projet sous-entend la prise de possession de ce terrain fédéral, symbole de l’occupation britannique.

À 77 ans, l’architecte est toujours porté par des utopies. Le chemin pris pour les atteindre semble aussi intéressant que leurs réalisations, comme en témoignent les luttes citoyennes que plusieurs dessins évoquent. Qu’on pense notamment au projet de maison de la culture que les citoyens du quartier Saint-Sauveur et Marc Boutin ont défendu, alors que la Ville planifiait la démolition du centre Durocher. Certes, un immeuble à logements l’a désormais remplacé, mais il y a une petite succursale du réseau des bibliothèques de Québec très fréquentée au rez-de-chaussée. Elle reste une victoire pour les gens du quartier et pour l’accès à la culture.

Jusqu’au 22 mars 2020 à la  Librairie Saint-Jean-Baptiste, 565, rue Saint-Jean.

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