G7 : Amnistie internationale et la Ligue des droits et libertés sur place

Par Nathalie Côté
Publié le 7 juin 2018
Geneviève Paul, directrice générale d’Amnistie Internationale Canada francophone et Nicole Filion, coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés en conférence de presse, ce 7 juin à Québec. Photo: Nathalie Côté

Quarante-quatre observateurs et observatrices d’Amnistie internationale Canada (AI) et de la Ligue des droits et libertés (LDL) sont présents à Québec, à La Malbaie et au Saguenay jusqu’à la fin du G7.

« Nous espérons que notre présence aura un effet sur les pratiques des forces policières » explique Nicole Filion de la Ligue des Droits et libertés. La LDL a pour mission, avec Amnistie internationale, de faire respecter le droit des libertés civiles, y compris le droit de manifester inscrit dans la Charte canadienne des droits et libertés de la personne : « On invite les gens à manifester. Il en va de l’avenir de la démocratie au Québec », renchérit Geneviève Paul, présidente d’Amnistie international Canada francophone.

Les deux organisations s’inquiètent d’éventuelles arrestations de masse, de l’utilisation d’armes pouvant causer la mort (RBBG, rubber blast grenade, BIP) et de l’ambiance de peur qui règne en ce moment.

La LDL et AI demandent que les armes et les arrestations soient utilisées seulement lorsque la situation l’exige et dénoncent les arrestations injustifiées, citant les dérives des arrestations de masse à Toronto lors du G20 : « Nous tenons à rappeler que lors des sommets précédents, ce sont les forces policières qui ont commis des violations des droits et ont été blâmées. Quand aux nombreuses personnes arrêtées, les chiffres démontrent que la très grande majorité de ces arrestations étaient injustifiées. Sur les 1100 personnes arrêtés au G20, 6 % ont fait l’objet d’accusations. »

Les forces policières ont assuré les organisations qu’ils ont pris note des erreurs du passé, lors du G20 de Toronto et du Sommet des Amériques. Ainsi, les forces policières ont confirmé ne pas vouloir procéder à des arrestations de masse ni utiliser les armes pouvant causer la mort dont elles disposent. Geneviève Paul est d’un optimisme prudent : « On espère vivement qu’elles vont respecter leur engagement. C’est la raison pour laquelle on est là. Ce qui est annoncé, c’est plus de respect des droits. »

Les deux organisations sont en contact régulier avec les services de police, dont elles saluent la collaboration. Elles ont obtenu un canal de communication avec les autorités policières. La mission est reconnue par le gouvernement: « Le ministre de la Sécurité publique,  Martin Coiteux, a reconnu la mission et acquiescé à notre demande d’assurer sa bonne réalisation », tel que le précise les portes-parole.

Quarante-quatre bénévoles provenant du Québec et de l’Ontario font parties de la mission d’Amnistie internationale et de la Ligue des droits et libertés. Photo: Nathalie Côté

Le travail de la LDL et d’AI en est surtout un de prévention. Depuis leur arrivée à Québec, elles ont visité le « centre d’opération de traitement des contrevenants », les roulottes installées pour l’occasion près du poste de police de Québec et y ont notamment constaté le manque de toilettes chimiques, dans la perspective d’arrestation de plusieurs personnes.

Les conditions de détention sont une préoccupation pour les observateurs. Surtout dans le contexte où des centaines de personnes se retrouvent détenues. Actuellement, la roulotte provisoire n’est pas aménagée pour que les gens puisent y dormir. Amnistie internationale s’inquiète aussi des moyens de contention qui pourraient être utilisés par les policiers. On leur assuré que ce sont des attaches Ty-rap qui seraient utilisés seulement lors de l’arrestation et qu’elles seraient enlevées pendant la détention.

Les deux organisations ont demandé à avoir accès aux lieux de détention. « On réussit à avoir deux visites par jour du lieu de détention », affirme Geneviève Paul. Elles devront faire d’autres demandes pour plus de visites.

« Quarante-quatre personnes, c’est une grosse mission », précise Nicole Filion. Les observateurs, bien formés, sont identifiés par des dossards jaunes au nom de la LDL et d’AI. Les branches francophone et anglophone d’Amnistie internationale Canada participent à cette mission. Les organisations espèrent produire un rapport en août prochain.

Il est possible de suivre la mission d’Amnistie internationale Canada et de la Ligue des droits et libertés sur Twitter à #MissionG7.

 

 

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