Entrevue avec Mbaï-Hadji Mbaïrewaye

Par Nathalie Côté
Publié le 14 septembre 2017
Mbaï-Hadji Mbaïrewaye, candidat pour Démocratie Québec dans le district Saint-Roch-Saint-Sauveur
aux élections municipales du 5 novembre. Photo: Nathalie Côté

Alors que s’entame la campagne électorale pour les élections municipales du 5 novembre, Droit de parole a voulu connaître les points de vue des candidats du district Saint-Roch-Saint-Sauveur sur les bouleversements climatiques, sur le transport en commun et sur la démocratie. Entrevue avec Mbaï-Hadji Mbaïrewaye de Démocratie Québec.

DDP : Mbaï, vous vous présentez pour Démocratie Québec dans le district Saint-Roch-Saint-Sauveur. Que comptez-vous faire pour contrer les changements climatiques, puisque c’est souvent à l’échelle locale que l’on peut agir ?

Mbaï : Saint-Roch Saint-Sauveur a le taux de canopée le plus bas de la ville de Québec. Nous subissons les changements climatiques ! De l’observatoire de la capitale, quand on regarde vers l’ouest, il y a plein d’arbres. Quand on regarde vers la Basse-Ville, on voit toutes les maisons. C’est comme si l’injustice sociale recoupait l’injustice environnementale.

Verdir les quartiers, planter des arbres, encourager l’agriculture urbaine, les potagers devant les maisons. Il faut encourager les mesures locales que les citoyens portent déjà. Nous nous engageons à mettre en place une politique sur l’agriculture urbaine. En 2013, le maire de Québec disait qu’il ne croyait pas en l’agriculture, mais nous on y croit. On va soutenir les jardins collectifs. Et le premier facteur de changements climatiques, c’est la voiture.

Je propose de changer de logique. À Québec tout est pensé en termes de voiture. Il faut concevoir la ville en fonction des piétons et du cycliste. Il faut le faire à partir du centre-ville qui a beaucoup de circulation de transit. Saint-Vallier est une rue de transit, il faut la rendre une rue de circulation résidentielle, une rue partagée entre automobilistes, cyclistes et piétons. Nous avons proposé que, à l’échelle du quartier et de la ville, on limite la circulation à 30 km/heure.

Diminuer la limite de vitesse

DDP : Vous proposez de limiter la vitesse dans toutes les rues?

Mbaï : Notre politique c’est 30 km sur les rues résidentielles. Par exemple, la plupart des gens qui fréquentent les commerces sur la rue Saint-Vallier sont des piétons. On n’a pas besoin de voiture sur Saint-Vallier.

DDP : Donc vous comptez faire plus, comment dirais-je, que de dessiner des fleurs sur les trottoirs ?

Mbaï : Il faut aussi aménager les rues pour envoyer un message aux automobilistes de limiter leur vitesse. Agir sur le verdissement et agir sur la mobilité durable. Notamment le transport en commun.

DDP : Le secteur de la Pente-douce manque d’arbres et de parcs, des citoyennes de l’ouest de Saint-Sauveur font circuler une pétition et revendiquent l’amélioration de leur secteur. Les soutenez-vous ?

Mbaï : J’aimerais rencontrer madame Vallières qui a fait la pétition (…). Déjà, on pense limiter la vitesse sur Marie-de-l’Incarnation. Tout est sur la table. Marie-de-l’Incarnation est très rapide. Pourquoi il faut toujours tout favoriser aux automobilistes ? Moi, je suis contre une espèce de guerre à l’auto. Des gens qui ont des familles doivent parfois amener les enfants aux sports, etc. Il faut amener les gens à dire : il y a la voiture, mais il y a aussi autre chose. Il faut diminuer la part modale de l’automobile dans la circulation. Je ne pense pas qu’il y a de mal à réduire la vitesse.

Transport en commun

DDP : Pendant que les gouvernements annoncent l’élargissement d’autoroutes, il y a pourtant une urgence d’améliorer le transport en commun. Quel est votre plan concernant le transport en commun ?

Mbaï : C’est ça le problème avec l’Équipe Labeaume, on lance des consultations sur la mobilité durable et de l’autre côté, on veut élargir les autoroutes. Nous on dit : on veut mettre un moratoire sur l’élargissement des autoroutes. Il faut avoir une vision d’ensemble. Plus tu élargis les routes, plus tu mets des voitures en circulation sur les routes, cela ne résout pas le problème.

Il faut proposer une vision cohérente. Vers un mode de transport alternatif, actif. Parce que le transport automobile crée beaucoup de gaz à effet de serre. Le défi de notre génération, c’est le défi écologique. À notre niveau, le développement durable devient une valeur cardinale pour Démocratie Québec. Démocratie Québec est d’ailleurs née d’une fusion avec Défi-Vert.

Quelqu’un qui élargit les autoroutes ne veut pas faire de la transition énergétique un enjeu électoral. Labeaume a repoussé à deux ans la consultation. Nous, on veut en faire un enjeu électoral. Cela ne sert à rien de mettre des bus qui vont polluer aussi. Il faut le faire d’une manière écologique. Madame Guérette réclamait ça depuis 5 ou 7 ans, la bonification du transport en commun. Je me méfie de toute mesure qu’on sort à quelques semaines d’une campagne électorale. Tant qu’on peut améliorer le transport en commun, ce n’est pas mauvais. Mais je pense qu’il faut être plus audacieux que ça.

DDP : Un des enjeux du transport en commun est son accessibilité. Avez-vous une position sur la tarification sociale d’après quoi les gens paient selon leurs revenus ?

Mbaï : Dans notre programme, adopté en juin, c’est une des voies que nous allons explorer. C’est quelque chose que nous allons appliquer. On prévoit 200 millions, dès qu’on est élu, pour améliorer le service RTC actuel tel qu’il existe. À moyen terme, on va créer un réseau structurant en haute-ville, un tramway sur l’axe le plus achalandé en ce moment : Sainte-Foy et colline parlementaire. En même temps, il faut favoriser l’accessibilité. Nous avons prévu de moduler la tarification, notamment dans le district Saint-Roch Saint-Sauveur où nous avons des gens moins bien nantis.

Marché du Vieux-Port

DDP : J’aimerais vous entendre parler du marché du Vieux-Port, parce que cela concerne la question des services de proximité. S’il est déménagé, les gens du centre-ville devront aller près du Centre Vidéotron pour aller au marché.

Mbaï : On est pour le maintien du marché dans le Vieux-Port. La majorité des marchands sont pour le maintien du marché dans le Vieux-Québec. L’équipe Labeaume veut ouvrir un marché à la place de Paris. Le maire fait du chantage. Il veut obliger les gens à aller dans ce marché. Alors qu’au centre-ville, on manque de services de proximité, dans Saint-Sauveur aussi. Dans le Vieux-Québec, c’est pire. Je pense que c’est une tentative de dévitalisation du Vieux-Québec. Il faut garder ce marché, mais le maire n’en a cure. La même chose qu’il a faite pour le Centre Durocher. Il n’écoute pas le monde. Est-ce que nous voulons avoir encore un mandat de 5 ans avec un maire qui n’écoute pas le monde ?

Démocratie

DDP : On a l’impression que les politiciens sont déconnectés des gens. Particulièrement à Québec, les citoyens ne se sentent pas écoutés. Est-ce que vous pensez que vous pourriez faire ça différemment si vous êtes élu ?

Mbaï : Nous, notre slogan est clair : la ville d’abord aux citoyens. J’étais sur le conseil de quartier de Saint-Roch en 2011. Ce qui m’a fait adhérer au parti dans lequel je suis actuellement, c’est justement le manque d’écoute de monsieur Labeaume. À l’époque c’était pire : le maire insultait tout le monde. Il intimidait tout le monde. Je ne me reconnaissais pas dans ce maire-là. Je me suis dit : ça ne peut pas marcher comme ça. C’est pourquoi j’ai pris contact avec le parti d’opposition qui se mettait en place à l’époque, en réaction à cette absence de démocratie. Je me suis dit : ça prend une opposition à la Ville de Québec. J’ai écrit à madame Anne Guérette, qui a fondé son parti Québec autrement, lui disant que j’aimerais aller dans ce parti. C’est cet appel de la démocratie qui m’a amené au parti. C’est pour vous dire que depuis longtemps, je suis contre l’attitude du maire.

J’ai ressenti, au conseil de quartier, l’absence d’écoute. Nous, on part de l’intelligence collective. On a prévu de renforcer les conseils de quartier, en leur donnant un pouvoir décisionnel. On va les consulter. On va décentraliser davantage le pouvoir vers les arrondissements aussi. Il faut que les arrondissements prennent certains pouvoirs. On va décentraliser ça. On veut donner des moyens aux conseils de quartier. Des moyens financiers notamment pour que les conseils de quartiers agissent au niveau local. Il faut que les gens se prononcent. On veut expérimenter une forme de budgets participatifs. Il faut que les gens soient là quand les budgets seront décidés. C’est tout le contraire que ce que fait Labeaume actuellement. Le 5 novembre, Démocratie Québec va changer le visage de la ville à ce point-là.

DDP : C’est pour cela que vous vous présentez en politique municipale ?

Mbaï : Sur un plan personnel, j’aime faire du porte-à-porte, parler avec les gens. Je me dis : quand je serai élu, je vais continuer à faire du porte-à-porte ! Les gens me disent : ça fait des années qu’on n’a pas vu ça. J’étais membre du conseil de quartier et je vais continuer à y aller. Je m’engage aussi à faire le tour des organismes communautaires. Les gens nous disent : on espère qu’une fois élu, vous allez continuer à revenir. Ça prend un conseiller municipal qui a des valeurs sociales dans Saint-Roch-Saint-Sauveur.

Commentaires

  1. J’ai assisté au cocktail de Démocratie Québec, écoutant la candidate Anne GUERETTE, je crois vraiment au projet de ce parti.

  2. Plein de belles idées…espérons que les bottines suivront les babines…Ce discours nous donne un peu d’espoir. Ce candidat ( Mbaïrewaye) est un homme de qualité et de qualités.

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