Université Laval: une grève qui fait mal

Publié le 18 mars 2017
Lundi 13 mars, 2000 grévistes et leurs alliés syndicaux ont marché dans les rues de Québec. Photo: François Brousseau

Par Geneviève Lévesque

Les 1900 membres du Syndicat des Employés de l’Université Laval (SEUL), en grève depuis le 21 février, nomment «Guantanamo UL» leur zone de piquetage devant le pavillon Desjardins-Pollack. Une injonction limite leur nombre à 190 à la fois et les cantonne dans ce stationnement. Cette injonction vise à empêcher que se répète le blocus des entrées de l’université que le SEUL avait organisé le 9 février. Les grévistes avaient barré toute la circulation aux entrées de l’université pendant environ deux heures.

Le SEUL n’avait pas été en grève depuis les années 70. L’arrêt de travail de ses syndiqués affecte le travail universitaire dans les bibliothèques, les résidences, les laboratoires et au centre sportif. Si certains supposaient que l’université est uniquement affaire de profs, cette grève montre que ce n’est pas le cas. Les grévistes bénéficient de plusieurs appuis parmi la population universitaire, particulièrement de la part des associations étudiantes de sociologie et d’anthropologie.

Les employés doivent survivre sur leur fond de grève, ce qui affecte particulièrement les mères monoparentales et les couples dont tous deux sont employés à l’Université. Qu’une université se permette d’exercer une telle pression sur ses employés pose un enjeu de taille : l’Université Laval, en tant que lieu de transmission de la connaissance, joue-t-elle son rôle social adéquatement ? N’est-elle pas plutôt en train de jouer le jeu capitaliste de l’employeur.

La demande des grévistes refusée

Le 6 mars, le syndicat a demandé à son tour une injonction contre l’université qui emploie actuellement 564 contractuels pour effectuer la tâche des grévistes. Le 10 mars, le Tribunal du travail a statué que ces contractuels n’étaient pas des briseurs de grève. Porter cette décision en appel impliquera des délais supplémentaires.

La grève limitée: une question sociale

Si une injonction peut réduire le territoire d’une grève, si la loi 24 peut définir le délai maximal des négociations et obliger des travailleurs comme ceux du RTC à entrer en grève simplement pour forcer l’employeur à négocier, quelle marge de manœuvre demeure-t-il aux employés pour se faire entendre? Peut-on accepter que les grèves soient limitées ?

On peut aussi se demander quel «moyen de pression anti-moyen de pression» les employeurs auront encore le droit de ré- clamer. On n’a qu’à penser aux restrictions au droit de manifester à Québec pour se dire que la place de ceux qui contestent s’amoindrit de plus en plus.

Devant la résolution du conflit entre le syndicat et le RTC, la position implacable de l’Université Laval s’approche de plus en plus de l’obstination. « Ils nous ont fait des promesses qui n’ont pas été tenues », déclare le président du SEUL, Luc Brouillette. « Ils nous disent qu’ils n’ont plus à le faire à cause de la loi. En commission parlementaire, les instances gouvernementales ont remercié Éric Beauce du travail que l’Université Laval a fait pour écrire le projet de loi 75. »

Cette loi définit le régime de retraite des employés des universités. Une loi sur laquelle l’université s’appuie, d’ailleurs, dans les négociations. Le mot « respect » vient souvent aux lèvres des grévistes du SEUL. Un mot qui est d’actualité dans une société où on doit réclamer ce respect sans relâche.

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