Vivre: M'aidez

Publié le 13 avril 2016

SIGNATURE MALCOLMPar Malcolm Reid

Dans mon enfance, dans les bandes dessinées de guerre, le pilote en détresse criait toujours dans son micro : « Mayday ! Mayday ! » Les balles sifflant autour de son avion.

« May Day » c’est le premier mai. Une fête que je connaissais un peu alors, pas beaucoup. Sa signification pour les travailleurs m’était inconnue. Ces aviateurs américains, pourquoi criaient-ils un surnom pour « May the First » quand une de leurs ailes était en flammes ? « Ça vient du français », me disait mon cousin David, qui savait ce genre de choses. « Ça vient de  » Vous m’aidez ?  » »

Le premier mai 1916, les travailleurs du monde étaient en détresse pour vrai. Leurs gouvernements les avaient jetés dans une grande guerre, ils se tuaient les uns les autres sur les champs de bataille. Pourtant ils avaient juré depuis 50 ans de ne pas s’entretuer, de réserver leur colère aux capitalistes. Il y avait de quoi crier « m’aidez ! »

La guerre faisait rage depuis un an et demi. Jaurès, en France, avait dénoncé l’entrée en carnage, et avait été assassiné pour cela. En Allemagne, les travailleurs faisaient partie de l’Internationale aussi. Mais la plupart des chefs syndicaux avaient accepté l’appel aux armes du Kaiser, plutôt que l’appel de leur camarade français.DESSIN MALCOLM

Rosa Luxemburg était la grande voix allemande du refus de la guerre. Au début, elle regardait, impuissante. La propagande anti-française tonnait, les hommes quittaient les usines pour l’armée.

Si le sang devait être versé, ça devait être pour le socialisme, pensait-elle. Et son camarade Karl Liebknecht pensait pareil. Leurs voix étaient très écoutées des travailleurs, ils ont décidé d’essayer d’être moins impuissants. Les mouvements de gauche avaient coutume de parader à Berlin le 1er mai, c’était l’occasion à saisir.

Luxemburg et Liebknecht étaient côte-à-côte au milieu de la manifestation. Karl hurle : « À bas la guerre ! À bas le gouvernement ! » La police a foncé, l’arrêtant pour appui à une puissance ennemie. Quelques jours plus tard, Rosa écrit à une amie du mouvement : « J’avais cherché à libérer Karl de toute la force de mes poings. Je m’agrippais à lui, et aux policiers, jusqu’au poste de police. Là, on m’a mise dehors, et pas doucement. »

ROSA LUXEMBURG a survécu trois ans de plus. Son mouvement prit comme nom Les Spartakistes, d’après Spartacus, qui avait dirigé la révolte des esclaves à Rome, dans l’antiquité. Cette section de la population allemande était maintenant en guerre contre les autorités. Et regardait forcément vers la Russie, un an plus tard, quand la révolution russe à réussi à sortir la Russie de la guerre. Le mouvement allemand, lui, a été brave, mais trop faible. En 1919, les Spartakistes ont été écrasés. Rosa Luxemburg a été tuée, et jetée dans le Canal Landwehr. Elle avait 49 ans.

Rosa était donc au cœur du socialisme révolutionnaire en Allemagne, et elle a continué à l’inspirer. « Son approche était plus subtile que celle de Lénine, m’a dit un ami qui a beaucoup lu sur elle. Le fait qu’elle était une femme a joué, d’après moi. Elle ne raisonnait pas seulement en termes de pouvoir, mais en cherchant un système qui marche, et que les gens soient heureux là-dedans. »

Elle a continué à inspirer; les Soixante-huitards imprimaient parfois sa photo sur leurs bannières. Inspire-t-elle encore aujourd’hui ? Je regarde sa photo, sa grande jupe de dame-comme-il-faut de ce temps-là. Chacune et chacun peut avoir sa réponse à la question… Moi c’est oui. J’entends crier « M’aidez » sur cinq continents. Et je pense que le premier mai 2016 est son jour.

¿ Que bolá, Cuba ?

VOIR Raúl Castro et Barack Obama ensemble à une partie de baseball à la Havane, ça fait du bien à l’âme. Eisenhower n’a pas voulu rencontrer Fidel Castro en visite à Washington au début de la révolution. Il a envoyé Nixon, qui a sermonné Fidel sur les beautés du capitalisme. C’est une réconciliation donc, mais pas une totale réconciliation. Obama suggère aux Cubains de devenir un peu plus libéraux (et Cuba avait libéré plusieurs prisonniers d’opinion pour faciliter la visite). Mais Cuba ne veut pas renoncer au socialisme.

Ainsi, la photo à la une. Barack fait un geste pour donner une tape amicale au dos de Raùl. Un peu paternaliste… Raúl intercepte la main d’Obama et la lève amicalement en l’air, comme l’arbitre fait avec le champion, à la fin d’un match de boxe.

Vies

BIENVENUE, dans l’arène de la presse, au journal Vies de quartier. Hélène Matte a conçu cette publication littéraire pour le quartier Saint-Jean-Baptiste, 44 auteurs l’ont fait avec elle. Renaud Pilote est en vedette, Gilles Simard est en vedette, Bill Vincent est en vedette. (Moi j’ai un poème, un dessin.) Il y a Ulysse Rioux-Martineau, un des douze fantastiques élèves de sixième année, qui dit de son école : «Dans cette bâtisse, il se trouve le prochain brigadier ou brigadière, boulanger ou boulangère. Bref, ce sont les générations futures. C’est aussi ceux qui vont faire de ce quartier un meilleur Saint-Jean-Baptiste.» (Notre patriotisme saint-jean-baptistien, est parfois, je l’admets, un peu beaucoup.)

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