Éléphants blancs et péteux de broue: mais qui croira encore le maire Labeaume ?

Publié le 13 mars 2015

Par Pierre Mouterde Labeaume

Les années ont beau passer et les bourdes s’accumuler à la mairie de Québec, il y a dans les médias, et plus particulièrement dans la grande presse régionale de Québec, une sorte de complaisance a-critique vis-à-vis le maire Labeaume. À avoir l’impression que, quelles que soient les décisions prises, on persiste à le dépeindre comme ce leader incontestable dont on continue, sondages obligent, à soigner l’image. Mais les faits ne nous disent-ils pas tout le contraire ? Et ne serait-ce pas le rôle de la presse d’oser le rappeler à la mémoire de chacun ?

Avec le recul du temps, on aurait pourtant dû y voir plus clair. Car en écoutant les annonces enthousiastes du maire sur la construction du «projet signature» «Le Phare», ce méga édifice de 65 étages dont l’érection est prévue à la tête des ponts, on a le sentiment que le maire n’a retenu aucune leçon du passé.

Rappelez-vous, c’était il y a 3 ans, en 2012, la ville avait décidé d’investir dans l’opération 200 millions et le gouvernement provincial un autre 200 millions (en ces temps d’austérité imposée, ce n’est pas rien) : il fallait absolument construire à Québec un nouvel amphithéâtre, plus vaste et plus grand que l’actuel Colisée, pourtant encore tout à fait fonctionnel, construit en 1949 et entièrement rénové en 1980. Et il fallait le faire au plus vite, car sans cela on ne pourrait jamais voir l’équipe de hockey des Nordiques défendre à nouveau les couleurs de la ville de Québec.

Après, il ne restait plus, pour faire passer la pilule, que d’en remettre, démagogie populiste en prime, sur la passion du hockey des gens de Québec et sur leur soif d’affirmation identitaire vis-à-vis de Montréal. Le tour était joué !

L’éléphant blanc de l’amphithéâtre

Sauf qu’on n’avait reçu aucune assurance de la Ligue nationale de hockey (LNH) qu’une fois le nouvel amphithéâtre construit, cette dernière accorderait la franchise tant espérée. Il s’agissait d’une condition nécessaire mais pas suffisante, en somme d’un pari passablement hasardeux. Surtout quand on sait comment raisonne le commissaire actuel de la LNH, Garry Bettman, avide plus que tout de rentabilité financière immédiate. On n’avait pas non plus réfléchi au fait qu’en cas d’absence des Nordiques, il faudrait, pour rentabiliser l’amphithéâtre, en élargir sa fonction première, en en faisant un espace de divertissement et de spectacles à grand déploiement, risquant ainsi de miner la rentabilité des autres salles de spectacle de la ville.

D’ailleurs, on avait si peu envisagé ce scénario, qu’on avait accordé, sans appel d’offres, au nouveau gestionnaire de l’amphithéâtre, Québecor Média, le cadeau de n’avoir à assumer lui-même que la moitié des déficits de gestion au cas où l’amphithéâtre ne pourrait, sans la présence des Nordiques, rentrer dans ses sous. Et cela, sans parler des coûts additionnels, comptabilisés ou non, que la ville devra débourser pour l’aménagement des voies d’accès, ou la démolition inéluctable du vieux Colisée.

Dans l’état actuel des choses, l’amphithéâtre n’est donc qu’un gigantesque éléphant blanc : au moins 400 millions de dollars d’argent public dépensés pour un projet hypothétique, dont on n’avait pas vraiment besoin, et dont la gestion des profits sera assurée par une entreprise privée, pendant que celle des possibles déficits le sera (pour la moitié) par la ville…

L’éléphant blanc du projet Le Phare

Or avec le projet Le Phare, on a l’impression de retomber exactement dans le même modèle. Car dans cette affaire de développement immobilier prestigieux, ce qui prime pour le maire, c’est la frime, ce qui est apparemment payant ce qui flash, ce qui donne l’illusion de la réussite ou du succès, ce qui flatte les aspirations de grandeur des habitants de la ville : «Québec disposerait de la plus haute tour «futuriste» construite à l’est de Toronto». Mais le reste, le maire n’y pense pas, ne veut pas y penser, car peu importe pour lui les problèmes qui viendront après.

Alors que la ville de Québec connait comme jamais des embouteillages massifs, particulièrement à la tête des ponts; alors qu’on vient de faire l’impasse — par manque d’argent — sur un système de tramway digne de ce nom et sur un projet de mobilité durable pensé sur le long terme pour tous les citoyens de la ville; alors qu’il y a tant d’autres secteurs de la ville en déshérence… voilà qu’on met tous ses œufs dans le même panier et qu’on se lance tête baissée, en donnant sa caution à un nouveau projet pharaonique qui ne servira finalement que le secteur privé, et sans qu’aucun des besoins de fond de la communauté entière n’ait été pour autant résolu.

C’est ce que la presse devrait faire savoir haut et fort, tant cela reste vital pour la démocratie et le bien commun : le développement d’une ville ne devrait jamais être confondu avec celui d’éléphants blancs, ni la fonction de maire avec celle d’un péteux de broue ! Qu’on se le dise !

Commentaires

  1. 30 mars 2015

    Rachetons le pont

    Le maire de Québec Régis Labeaume a encore fait une sortie musclée contre les dirigeants du canadien national propriétaires du pont de Québec. De la m,ême façon le premier ministre du Canada Stephen Harper, celui du Québec Philippe Couillard et le maire de Lévis ont embarqués bêtement dans son jeu.

    Depuis 7 ans au lieu d’investir dans la repeinte du pont et de lui donner l’esthétique qu’il mérite ces politiciens ont gaspillé des sommes considérables en frais juridiques ou autres attaques contre son propriétaire. Arrêtons cette chicane avec le CN car le juge Louis Lacoursière a statué que l’entreprise ferroviaire n’aura pas à terminer les travaux de peinture.

    L’erreur a été commise par le gouvernement libéral de Jean Chrétien en 1993 qui avait cédé le pont à l’entreprise privé. Étant donné que le CN est prêt à le céder pour un dollars et qu’il n’a pas besoins du pont pourquoi ne pas le reprendre et remplacer la voie ferrée par une voie de transport collectif?

    La chicane se terminerait, on peinturerait le pont et tout le monde pourrait s’occuper de leurs affaires et des vrais services aux citoyens.

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