Vivre: une chronique de Malcolm Reid

Publié le 15 décembre 2014

MALCOLM 1L’ANNÉE 2015, je pense, ce sera comme si Stephen Harper nous lançait un défi.

« Battez-moi ! » qu’il va nous dire. « Je vous mets au défi. Mais voyez-vous, je vais être réélu. Car mon morceau du Canada, je l’ai unifié. Quand j’ai convaincu les progressistes- conservateurs et l’Alliance canadienne à se fusionner, j’ai créé un bloc que mes adversaires ne peuvent pas briser. Ils sont divisés, mes adversaires. »

Le premier ministre conservateur, bien sûr, n’est pas assez fanfaron pour dire cela. Pas en toutes lettres. Son ton calme et confiant est celui, il me semble, d’un excellent stratège. Il est appuyé par peut-être le quart des Canadiens… mais cette base me parait pas mal solide.

Les petites gens aux valeurs traditionalistes, qui veulent que les assassins soient pendus, que l’avortement soit interdit, qui trouvent que la foi — chrétienne de préférence, mais d’autres religions peuvent être admises à la rigueur — devrait guider la vie, ceux-là sont avec lui. Et les grandes corporations sont avec lui aussi, les leaders du capitalisme d’aujourd’hui. Ces deux groupes ne sont pas unifiés partout dans le monde, mais au Canada, ils sont ensemble. « Family values » et « free enterprise».

Le Canada de l’ère où nous vivons n’est pas caractérisé par ces deux bannières. Le pays, francophone comme anglophone, a construit un État-providence avec un filet social comparable à ceux de la Suède, de la Norvège, et du Danemark. Un système qui fait contraste — non ? — avec les États-Unis d’Amérique. Un secteur public fort, aussi; et une aide importante aux arts. Et ça a toujours été un pays avec une forte affection pour la nature, un pays qui était sûr que ses forêts, son Nord, étaient sacrés. Jusque-là, ça a peut-être été un peu complaisant, mais ça murit maintenant. Ça devient une conscience écologique.

Avec les conservateurs, le Canada a, pour la première fois de son histoire je dirais, un régime qui désire défaire l’État-providence. Qui désire mettre le Canada sous l’enseigne ENTREPRISE PRIVÉE SPOKEN HERE. Et qui veut officialiser, aussi, l’insouciance sur les dangers qui guettent la nature. Qui veut officialiser la primauté de l’industrie sur la nature. Pouvons-nous défaire ce régime ? Oui. Nous sommes la majorité — je veux dire, ceux qui veulent conserver le filet social et augmenter les mesures écologiques. Mais nous sommes divisés.

Alors, je le dis : sans une entente électorale entre néo-démocrates et libéraux (avec des appuis peut-être du Bloc et des verts ?), nous pourrions finir 2015 avec les conservateurs encore en place. Vite, donc ! Des négociations pour cette entente ! Elle est faisable, même en sachant que les partis d’opposition tiennent à rester distincts et en vie. Les partis peuvent se désister pour donner une chance à l’autre dans des circonscriptions où c’est serré. Ils peuvent discuter de coalitions possibles, ils peuvent former un cartel électoral, rédiger un programme commun minimal… Ils ne pensent pas en ces termes. Actuellement, c’est très clair. Ils espèrent une victoire forte qui éliminera les rivaux. Qu’on fasse pression, alors. Qu’on discute. Qu’on se serve de notre tête.

Qu’on se serve de not’ tête, ostie !

Commentaires

  1. Hello Malcolm,

    Mes excuses pour l’anglais, but I have to say that I really think this is Justin Trudeau’s decision. He is the one person who knows, deep down inside, that Thomas Mulcair would be a better Prime Minister than he himself would be. Thomas Mulcair is not as cute as Justin, and therefore is not as popular, but cute is not what we need right now. And Justin Trudeau already knows that. After that stupid remark on TLMEP about hockey and Russia and the Ukraine, how could he NOT know that he is standing in the way of real progress?

    What he has to do, what he has to find the courage to do, what only he can do, is to speak up and demand that the Liberal Party JOIN the NDP to form ONE party. Because that is what it is going to take to remove Harper. There can be no compromise, not even a hint of compromise. And then HE, yes I mean HIM, THAT ONE, son of Godzilla, fils of the man who almost broke Canada by ramming his damn constitution down René Lévesque’s throat, HE is the one who must quit the Liberal Party and then ask Thomas Mulcair nicely, politely, but firmly, to please accept him as a member of the NDP. And then he has to demand, publicly and repeatedly, that each and every member of the Liberal Party Of Canada do exactly the same thing.

    Because that is what Canada needs him to do. That is what it means to serve one’s country.

    -stuart

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