La loi 3 et les employés municipaux : la sale besogne du maire Labeaume

Publié le 15 septembre 2014

Par Pierre Mouterde

Rappelez-vous, c’était en novembre 2013, il n’y a pas si longtemps de cela, lors de la dernière campagne électorale pour les municipales où se jouait la réélection de Régis Labeaume.


Le maire sortant avait décidé de faire de la question des retraites un enjeu personnel, plus encore, un des axes centraux de sa campagne. Il ne cessait de répéter qu’en raison des importants déficits de la Ville de Québec, on ne pouvait plus tolérer que les employé-es municipaux — cols bleus, cols blancs, pompiers, policiers, etc. — puissent garder leur système de retraite en l’état. Ils devaient faire des sacrifices. Et au plus vite. N’en allait-il pas de l’intérêt des payeurs de taxe dont il assurait, le coeur sur la main, qu’il était le fidèle serviteur?
Plus encore, se servant du prestige de son poste de maire, il avait tout fait pour donner à ce débat une dimension nationale, exhortant le gouvernement de Pauline Marois de s’atteler à la question du déficit des retraites, et de lui donner au plus vite les moyens de la régler.
Harcelé à qui mieux-mieux, le gouvernement péquiste de l’époque avait cherché à louvoyer, plutôt que de dénoncer la surenchère populiste. Acceptant finalement de mettre la question sur la table, il refusait pourtant d’endosser les solutions drastiques proposées par le maire réélu.
Il faut dire que Régis Labeaume n’y allait pas par 4 chemins : ne se gênant pas pour renier des accords pourtant dûment signés par le biais de conventions collectives, et passant sous silence que les fameux déficits étaient le fait d’une mairie n’ayant pas payé sa part comme elle l’aurait dû, il demandait au gouvernement rien de moins que les pouvoirs légaux pour imposer aux syndicats leurs conditions de travail ainsi que pour revoir à la baisse les normes de leur retraite.

Avec le recul

À l’époque, beaucoup avaient observé son petit jeu, sans trop y croire, voyant surtout dans ses déclarations tonitruantes, une habile posture électorale pour flatter de potentiels électeurs sensibles aux déclarations populistes, et ainsi pouvoir se faire réélire sans encombre.
Mais avec le recul, et l’arrivée du nouveau gouvernement libéral de Philippe Couillard acquis aux vertus de l’austérité, on voit mieux désormais à quoi ont pu servir ses déclarations intempestives : à une première mise en condition de l’opinion publique pour la préparer au pire. Et au-delà, à la mise en place de la loi 3 qui, bien plus que de régler les problèmes des villes n’ayant pas agi en bons gestionnaires, commence à s’attaquer sans état d’âme à un de ces acquis sociaux les plus importants de ces 50 dernières années : le droit universel, après une vie de travail et après avoir économisé en conséquence, de ne plus être astreint au travail obligé; et de le faire dans de bonnes conditions.
Voilà la sale besogne du maire Labeaume : amoindrir et déconsidérer ce droit à la retraite, et faire passer cette prise de position pour une évidence, et même pour une entreprise courageuse, alors qu’il s’agit d’une formidable entreprise de démolition d’une des avancées les plus remarquables de la Révolution tranquille.

Une retraite pour tous et toutes

Qu’on ne nous fasse pas croire qu’il ne s’agit ici que des seules conditions de retraite d’une poignée d’employés municipaux jugés « gras durs » ou encore de prétendus privilégiés parce qu’ils sont défendus par de puissants syndicats qu’il faudrait mettre au pas.
Qu’on ne nous fasse pas croire qu’en faisant des économies sur le dos des employé-es de la Ville, on réglera la question des retraites pour tous ceux et celles qui n’en ont qu’une misérable ou n’en ont pas du tout (près de 50% de la population). Dans un pays riche comme le Québec, bien plus riche que dans les années 60, tous et toutes pourraient avoir une retraite décente.
À condition cependant de le décider et de ne plus s’en remettre aveuglément à ces politiciens populistes qui ne jurent que par les intérêts bien comptés des grands lobbies économiques et financiers. Et à n’en pas douter, Régis Labeaume est de ceux-là.

 

 

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