Immeubles abandonnés dans les quartiers centraux: pourquoi?

Publié le 15 septembre 2014
Immeuble de la rue Saint-Joseph, avec les projet Inside Out.
Immeuble de la rue Saint-Joseph, avec les projet Inside Out.

Par Martin April et Marc Grignon

Plus tôt cet été, un groupe associé au Comité citoyen de Saint-Roch a pris d’assaut l’immeuble abandonné situé à l’angle des rues Saint-Joseph et Monseigneur-Gauvreau en le tapissant de portraits géants de citoyen-nes du quartier. L’intervention effectuée dans le cadre du projet artistique international Inside Out, de l’artiste JR, avait comme objectif de sensibiliser les citoyens aux immeubles abandonnés et d’encourager leur entretien.


En effet, il est impossible de ne pas s’étonner que, dans une période où on parle tant de « densification », on trouve plusieurs immeubles inoccupés et visiblement laissés à l’abandon dans les quartiers centraux, et notamment dans Saint-Roch. On en voit sur la rue du Roi derrière la bibliothèque Gabrielle-Roy, sur la rue Notre-Dame-des-Anges, et sur la rue de la Reine, en plein cœur du quartier. Une marche d’observation organisée par le Comité citoyen de Saint-Roch, à l’été 2013, avait permis de répertorier près de 40 immeubles comportant des signes évidents de forte négligence ou d’abandon, comme des panneaux de contreplaqué (le célèbre plywood) dans les fenêtres : on parle surtout d’immeubles résidentiels de deux, trois ou quatre étages pouvant contenir plusieurs appartements.
Outre les unités d’habitation qu’ils pourraient fournir s’ils étaient entretenus, plusieurs de ces immeubles possèdent des caractéristiques architecturales qui contribuent fortement à l’image du quartier. Par leurs murs de briques rouges ou brunes encadrés de jaune, beige ou blanc — dont il existe de multiples variations — ils rappellent les anciennes manufactures, comme la Dominion Corset, où la Ville de Québec a installé plusieurs services. Si peu de ces immeubles possèdent individuellement une valeur historique hors du commun, ils contribuent tous (ou presque tous) au caractère particulier de Saint-Roch, cette ambiance faisant qu’un passant comprend tout de suite qu’il n’est ni dans le Vieux-Québec ni sur la Grande Allée, mais bien dans un des anciens faubourgs de la ville.
On peut imaginer différentes explications au laisser-aller que l’on observe ici et là dans le centre-ville. Certains petits propriétaires ne sont vraisemblablement plus en mesure d’assumer les coûts des réparations, et ils ont besoin d’une véritable aide de la Ville. Mais par ailleurs, il est probable que certains propriétaires laissent volontairement les immeubles se dégrader, pour les démolir lorsqu’ils seront jugés dangereux. Il s’agit là d’une stratégie que l’on voit régulièrement dans des villes et des quartiers où il y a une forte tendance à l’embourgeoisement — un processus dont le résultat est de rendre inaccessible le prix du logement à la population déjà établie et de la forcer graduellement à s’établir ailleurs.
Pourquoi la Ville de Québec n’intervient-elle pas plus efficacement pour s’assurer de l’entretien des immeubles dans les quartiers centraux? Est-ce que la règlementation municipale est suffisante? Si oui, pourquoi n’est-elle pas appliquée? Sinon, pourquoi n’est-elle pas mise à jour? Le Comité citoyen de Saint-Roch souhaite voir les immeubles abandonnés remis en état au plus vite, et mène actuellement une campagne de sensibilisation auprès de la Ville de Québec et des citoyens-nes sur la question.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité