Labeaume se pète les bretelles, les petits commerces périclitent

Publié le 31 mars 2014

mars-2014Par Marc Boutin

Il est ironique de voir le maire Labeaume se péter les bretelles sur toutes les tribunes à propos de la situation économique de Québec, alors que plusieurs rues commerciales de la ville en arrachent tant.

Grâce aux bons soins de l’Hôtel de Ville, la compagnie Red Bull et l’industrie du jeu vidéo se portent sans doute plutôt bien et le chantier de l’amphithéâtre semble avancer rondement. Mais comment peut-on s’enorgueillir d’être le maire d’une ville économiquement en santé quand plusieurs milliers de citoyens n’ont plus accès à des services de proximité de qualité et même, pour certains d’entre eux, à des services essentiels comme, par exemple, un marché d’alimentation pour les résidants du Vieux Québec, ou, une Société des alcools, un bureau de poste et une Caisse populaire pour ceux qui habitent la rue Saint-Vallier dans Saint- Sauveur ?

Quel avenir pour la rue Saint-Jean ?

La rue Saint-Jean, le joyau de nos rues commerciales urbaines, n’est pas non plus resplendissante de santé. Le propriétaire d’une boulangerie artisanale de cette rue m’a confié que pour assumer son dernier compte de taxes municipales, il lui faudrait écouler ses croissants à plus de dix dollars pièce : « La Ville se base sur l’évaluation foncière pour nous taxer et elle contrôle ellemême le rôle de l’évaluation. Il y a là conflit d’intérêts. Il serait plus équitable qu’un commerce soit taxé à partir de son chiffre d’affaires. On a l’impression de servir de vache à lait pour un projet extravagant quelconque. » On se demande lequel.

Actuellement, rue Saint-Jean, de nombreux espaces commerciaux sont à louer. Selon un article du Québec Hebdo, il y en aurait huit dans le faubourg et quatre à l’intérieur des murs. À part les locations, d’autres commerces sont mal en point: la boucherie Bégin n’est pas à la veille de rouvrir et le Copiste du Faubourg, un autre service important, ferme ses portes le 31 mai prochain (à moins d’un acheteur de dernière minute, ce qui semble peu probable). D’autres rues commerciales, la rue Maguire à Sillery et la 3e avenue à Limoilou, vivent une période de stagnation.

Selon le Québec Hebdo, la rue Saint-Jean serait simplement en train de vivre une « phase de renouveau commercial », un phénomène qui, toujours selon cet article, semble n’inquiéter aucun des intervenants du milieu : la Ville de Québec, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste ou la Société de développement commercial du Faubourg.

L’économie locale en prend un coup

Mais attention, ceux qui écopent — souvent pour cause de taxes excessives — sont le plus souvent les artisans de première ligne, ceux qui assurent les services les plus proches des besoins des résidents: dépanneurs, boulangers, cordonniers, casse-croute, librairies indépendantes, cafés-restaurants, etc. Ils seront remplacés par des commerces pouvant payer des taxes élevées ou des loyers exorbitants : les succursales de chaînes à succès, des restaurants franchisés (malbouffe industrielle), des vendeurs de cossins pour touristes, des salons de coiffure ou des restaurants haut-de-gamme ou…rien du tout, et un espace commercial se retrouve transformé en condo.

Dans le domaine de l’alimentation, le plus souvent les artisans font la bouffe sur place. Ils créent ainsi des emplois spécialisés plutôt bien rémunérés. Les succursales de la malbouffe, en revanche, font livrer par camion une bouffe industrielle servie par des employés au salaire minimum. Il n’y a pas que l’administration municipale à blâmer. Plusieurs nouveaux résidants font des achats chez Cosco ou Walmart (ils se vantent des bas prix, sans tenir compte du prix du transport), d’autres les font « en ligne » (ils doivent payer la livraison). Mais à entendre le maire se flatter la bedaine concernant le bas taux de chômage à Québec, on a du mal à faire le lien entre ces vantardises et le centre-ville mal en point qui, chaque jour, nous crève les yeux. Un centre- ville de plus en plus exsangue quant aux services de proximité pour ses résidants.

Commentaires

  1. Voilà un aperçu intéressant de l’autre côté de la médaille Labeaume et de l’absence de vision globale du développement de sa ville de la part de ce maire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité