Biblioterre : La pointe libertaire et Hannah Arendt

Publié le 13 décembre 2013

Parcours et pensée d’une militante inspirante

Diane Lamoureux Le trésor perdu de la politique. Participation citoyenne et espace public Écosotiété, 2013 110 pages

Qu’est-ce qu’être une intellectuelle critique aujourd’hui ? Comment se situer par rapport aux luttes sociales ? Que signifie la participation citoyenne à l’ère du néolibéralisme ? En héritière d’Hannah Arendt, Diane Lamoureux tente de répondre à ces questions à travers six textes qui reflètent son parcours d’universitaire et de militante féministe.

Tout au long de cet ouvrage de philosophie politique, l’auteure insiste sur l’importance de développer le lien de concitoyenneté et plaide en faveur d’une politique basée sur les principes d’égalité, de liberté et de solidarité. Pour elle, l’action politique est toujours de l’ordre d’une mise en mouvement d’individus ou de groupes sociaux qui échappent à l’ordre assigné et font bouger les frontières de l’exclusion et de l’inclusion. Le capitalisme n’est pas le seul système de domination à l’œuvre dans nos sociétés. Diane Lamoureux examine également les effets conjugués du néolibéralisme et du néo-conservatisme sur l’autonomie des femmes et essaie de montrer en quoi le conservatisme moral se conjugue avec l’efficience néolibérale dans un discrédit du féminisme, principalement dans les pays occidentaux.

Cet ouvrage contient aussi un texte inédit sur le « Printemps érable », un véritable événement politique, au sens arendtien du terme, en ce sens qu’il a interrompu le cours usuel des choses et enclenché une dynamique dont l’issue était imprévisible. Cette analyse passe par une réflexion sur la transformation du rôle et de la mission des universités au sein de la société québécoise. Dans toutes ces luttes contemporaines pour l’émancipation, l’auteure souligne l’importance de la référence aux droits et à la démocratie. Avec sensibilité et profondeur, Diane Lamoureux nous invite à retrouver ce « trésor perdu » de la politique et ainsi sortir de ce système qui fait de la politique un domaine professionnel alors qu’elle devrait être l’affaire de tout le monde.

 

 

L’action d’un groupe anarchiste vue de l’intérieur : Bâtiment 7

La Pointe libertaire, Collection Résilience Bâtiment 7 Victoire populaire à Pointe-Saint-Charles Éditions Écosociété, 2013 106 pages

 

Après avoir barré la route au projet de déménagement du casino à Pointe- Saint-Charles, en 2006, le mouvement populaire du quartier le plus militant de Montréal poursuit son combat et obtient la cession gratuite, en 2012, d’un des anciens ateliers du chemin de fer Canadien national, un immeuble patrimonial de plus de 8 000 m2 : le bâtiment 7. L’édifice abritera un pôle d’activités sociales, artistiques et politiques compatibles avec une économie solidaire et écologique.

Ce livre fait le récit de cette appropriation populaire, une victoire obtenue de haute lutte contre un puissant groupe immobilier, les édiles municipaux et le consensus néolibéral. Contre la résignation aussi. Pour nous guider dans cette histoire, le collectif anarchiste de la Pointe libertaire se fait narrateur. La Pointe libertaire est l’une des organisations membres de la coalition qui a su mettre un grain de sable dans le modèle de développement récréotouristique et du tout-condo de leur quartier.

Sans jamais perdre de vue son rêve de fonder un « centre social autogéré » à l’européenne, la Pointe libertaire doit se prêter (avec réticence) au jeu de la négociation, déjouer les coups-fourrés de ses adversaires et combattre la stratégie de l’inertie que lui oppose la Ville, en entretenant la mobilisation pendant plusieurs années.

Composant avec des partenaires aux horizons très divers, le groupe anarchiste doit aussi trouver son chemin entre le processus élitiste imposé par la « démocratie » municipale, qui consiste à quémander, et la ligne d’action qui lui vient le plus naturellement : prendre. En nous faisant vivre le travail de ce mouvement anarchiste de l’intérieur, ce livre ouvre une fenêtre sur les aspirations et les craintes qui animent un groupe issu d’un mouvement mal compris des médias, sur ses dilemmes et sur les compromis que l’action collective lui impose.

 

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