À la rescousse du centre Durocher

Publié le 13 décembre 2013
Lise Beaupré et Line Plamondon devant le centre Durocher. PHOTO Nathalie Côté
Lise Beaupré et Line Plamondon devant le centre Durocher. PHOTO Nathalie Côté

Face à l’annonce de la démolition éventuelle du centre Durocher, Lise Beaupré et Line Plamondon ont formé un comité de sauvegarde du centre. Rencontre avec deux femmes qui mettent un peu de sable dans l’engrenage.

Par Nathalie Côté

N.C. Vous avez créé y a quelques semaines un Comité de survie pour le centre Durocher, qu’est-ce qui vous a motivé ?

Lise B. Ma mère a fondé le Patro Laval féminin. C’était le premier patro féminin au Québec. J’allais aussi au Centre Durocher, j’avais cinq ans. J’ai grandi sur la rue Saint-Vallier, jusqu’à l’âge de 11 ans. J’ai joué aussi aux quilles au centre Durocher jusqu’à l’âge de 18 ans. Et puis, j’suis revenue en 2 000 dans le quartier Saint- Sauveur, parce que j’ai toujours aimé cet endroit-là. Quand j’ai appris que le centre Durocher fermait, c’est comme si on détruisait ma jeunesse, mon quartier. C’est vraiment le cœur du quartier. J’en ai parlé à Lyne. Elle aussi, elle trouvait ça triste. Sa famille est originaire du quartier.

Line P. Plus on creuse, plus on se rend compte que les gens, ça les dérange, ça les touche.

Lise B. Y’ a encore énormément de gens qui ne le savent pas. On l’a appris à plusieurs personnes.

N.C. Pourtant, n’y a-t-il pas eu des textes dans les journaux qui annonçaient qu’il y aurait un déménagement des activités du centre Durocher au centre Mgr Bouffard ?

Line P. Démolition, il faut que tu le trouves dans le texte! Personne ne se vante que ça va être démoli. Ils disent qu’il va y avoir un transfert d’activités.

Lise B. Le directeur du centre, monsieur Pierre Morin disait aux gens : non ça ne ferme pas ! Mais nous, on a appris que le maire Labeaume lui avait fait promettre de ne pas le dire avant les élections du 3 novembre. D’ailleurs, monsieur Morin a fait sa première déclaration publique sur la fermeture du centre, le 13 novembre dernier.

 

N.C. Qu’est-ce que cela aurait changé dans le résultat des élections si la nouvelle de la démolition du centre Durocher était sortie au grand jour ?

Lise B. Madame Gilbert n’aurait peut-être pas été élue. Saint-Sauveur et Saint-Roch sont les quartiers où l’équipe Labeaume a reçu le moins de votes. C’est 62 % des votes et non pas 74 %. Et c’est seulement 45 % de la population du district qui a voté.

N.C. Qu’est-ce que vous demandez ? Qu’est-ce que vous espérez ?

Line P. On aimerait un moratoire pour que la population, qui a été écartée, ait la possibilité de s’exprimer. Parce que là c’est la démocratie qui mange une claque. Ceux qui sont concernés par la disparition du centre n’ont pas été consultés, on ne leur a rien demandé.

N.C. Vous n’êtes pas désabusées, quand on pense à Arrimage Québec qui érige pendant la nuit un silo dans le port, alors que les citoyens commençaient à contester ? Vous ne pensez pas que tout est déjà décidé dans le cas du centre Durocher ?

Line P. Ce n’est pas une raison pour perdre sa capacité de s’indigner et de s’impliquer. Parce que c’est fou ce que deux, trois personnes peuvent faire quand elles sont vraiment motivées. Nous, on y va, on n’a aucun intérêt, on est totalement désintéressées. Ce que cela va donner ? On est même détaché du fruit de l’acte. On fait ce qu’on a à faire comme citoyennes, le reste cela ne nous appartient pas.

Lise B. On fait ça bénévolement. Ce qu’on défend, c’est notre quartier. Déjà que notre caisse populaire est fermée, en plus le comptoir postal qui était chez Jean Coutu a été fermé, il est rendu sur Langelier. Puis là, finalement, on ferme le centre Durocher, ça va être quoi la prochaine chose ? C’est détruire le quartier ça. Line P. C’est tout l’enjeu des services de proximité.

N.C. Cela fait des années que les gens tergiversent sur l’avenir du centre Durocher. On entendait dire que le conservatoire de musique pourrait y déménager. Ensuite, on a entendu parler de condos. Comme s’il n’y avait rien en ce moment. Pourquoi vouloir démolir absolument ce centre là ?

Lise B. Monsieur Labeaume a reçu une offre d’une corporation pour construire des condos. En disant qu’il va construire des logements sociaux, qui va s’opposer à la vertu ? Ce que le monde oublie, c’est que ça aussi ça oblige des changements de zonage. La vision de Labeaume, c’est de rendre le site payant. Que cela rapporte des taxes. Des gens me disent : cela va amener du monde. Mais oui, moi je dis : mais pourquoi le monde va venir vivre ici, s’il n’y a plus de services nulle part ?

Line P. Ce qu’on aimerait, c’est développer une vision pour le centre Durocher. C’est pour cela qu’on demande un moratoire. Un moratoire, c’est un temps d’arrêt pour permettre aux gens de s’exprimer. Pour proposer une vision plus centrée sur les besoins de la population. Ça, ce n’est pas à nous de le faire, c’est à tout le monde. D’où un moratoire.

N.C. Pour justifier la démolition, on dit notamment que la salle de quilles n’est pas assez au gout du jour, pas assez moderne. Lise B. Elle a pourtant été rénovée en 2000. N.C. Quel politicien ou quelle politicienne pourrait faire changer la vapeur ?

Lise B. Madame Maltais m’a dit qu’elle ne peut pas défendre un centre. Mais elle était contente d’apprendre qu’il y a un comité de sauvegarde.

N.C. Quelle sera la prochaine étape dans votre démarche ?

Lise B. On voudrait s’arranger pour que les gens se regroupent et contestent. C’est terrible que Labeaume dise : dites-le pas aux gens avant qu’ils m’aient élu. C’est comme dire : les gens de Saint-Sauveur, c’est quidam, c’est personne. Qu’est-ce que cela peut faire la salle de quilles ? J’ai fait signer la pétition à la salle de quilles et les gens ne le savaient même pas (que le centre allait être démoli).

Line P. Il y a un vent de revitalisation dans Saint-Sauveur, c’est ça qu’il faut encourager. Il faut stimuler la présence des familles en créant des services. Qu’il y ait une vie de quartier. On n’est pas contre le développement. Ce qu’on veut c’est la ville pour les citoyens et non, les citoyens pour la ville.

 

Pour signer la pétition contre la démolition du centre Durocher:

http://www.petitions24.net/v/17956348/AG9NYJ

On peut aussi la signer dans des commerces de Saint- Sauveur sur la rue Saint-Vallier Ouest . La pétition a été signée par plusieurs personnes, dont deux membres du conseil de quartier de Saint-Sauveur et un membre de Démocratie-Québec.
Ceux et celles qui appuient le comité de sauvegarde sont invités à se présenter au conseil de quartier de Saint-Sauveur en janvier prochain.

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