Plaidoyer pour les hausses d’impôt annoncées par le gouvernement Marois

Publié le 13 octobre 2012

impotsPar Vania Wright-Larin

Soulignons d’entrée de jeu qu’un retour vers une fiscalité plus progressive est une revendication quasi-historique du mouvement social et communautaire. De toute façon, pour financer nos services publics et nos programmes sociaux, c’est sans contredit un système d’impôt progressif sur le revenu qui sert le mieux la cause d’une plus grande égalité économique.

C’est d’ailleurs pourquoi nous nous sommes farouchement opposés à la hausse des frais de scolarité et à l’instauration de la taxe santé : deux mesures qui ne prenaient pas ou peu en considération la capacité de payer des gens. En choisissant d’agir dans ces deux dossiers prioritaires et en restaurant une partie de la progressivité de notre système d’imposition sur le revenu, le gouvernement de Pauline Marois fait un choix courageux au risque de se mettre la haute classe économique à dos. Malheureusement, c’est ce qui arrive et au moment d’écrire ces lignes, le ministre des Finances ouvre déjà la porte à des assouplissements de ces mesures qui, pour nous, semblent aller dans le sens d’une plus grande justice sociale.

Les annonces gouvernementales

Rappelons que le gouvernement vient tout juste d’annoncer l’abolition de la contribution santé de 200$ par année (par adulte) dès 2012. Cette mesure rapportant un milliard par année au trésor québécois, il a bien fallu qu’il annonce ses intentions afin de la financer. C’est donc dans cette optique qu’il annonçait quelques jours plus tard l’ajout de deux paliers d’imposition à 130 000$ (de 24% à 28%) et à 250 000$ (de 24 à 31%).

Soulignons ici que pour neuf contribuables sur dix, soit ceux et celles qui gagnent moins de 130 000$ par année, l’abolition de la taxe santé représente un gain direct de 200$ par année. Les hausses d’impôt annoncées n’affecteront donc que les plus riches, soit 3,1% des contribuables.

Il faut aussi rappeler que la hausse ne s’appliquerait que sur la part de revenue dépassant 130 000$ par année. Par exemple, un contribuable qui déclare 150 000$, devra payer 4 % de plus sur la part de son revenu qui dépasse 130 000$, soit 800$ par année. Ainsi pour les contribuables qui ont des revenus entre 130 000$ et 140 000$ ces mesures n’auront que très peu d’effets. Ce ne sont, en réalité, que les contribuables à très haut revenu qui devront assumer la plus grande partie de cette hausse.

Voir la capsule vidéo de l’IRIS sur l’imposition de Québécois : http://iris-recherche.qc.ca/pop

La misère des riches…

Ce sont pourtant ces mêmes contribuables qui ont été les plus grands gagnants des réductions d’impôt accordées au cours des dix dernières années. Selon les données récentes de l’RIS, les contribuables gagnant 150000$ ont bénéficié d’une réduction d’impôt récurrente de 1 859$ par année.

Nous souhaitons vivement que l’opposition y réfléchisse à deux fois avant de bloquer ces mesures qui favorisent une plus grande égalité économique dans notre société. Après s’être fait servir ad nauseam l’argument de la juste part, il est ironique que ce soit aujourd’hui les riches et leurs alliés qui crient à l’injustice.

 

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